Près d’un an après la cérémonie symbolique de pose de la première pierre, la future cimenterie de Katanda, portée par CEMENT KASAÏ SAS, peine à sortir de terre. Le constat est sans appel : alors que les travaux devraient être bien avancés, seules les infrastructures administratives progressent significativement. Cette situation a été officiellement confirmée lors de la visite du gouverneur intérimaire du Kasaï-Oriental sur le site ce vendredi 8 août, soulevant des interrogations sur les retards accumulés dans ce projet stratégique pour la région.
Comment expliquer ce décalage entre les annonces initiales et la réalité du terrain ? Li Fugeng, directeur général de l’entreprise, tente de rassurer les parties prenantes : « Nous sommes encore à l’étape de la construction de la base-vie, notamment des bureaux qui serviront au personnel. » Il précise qu’une « partie importante des équipements est déjà à Lubumbashi » mais reste dans l’attente d’un transport complexe vers Mbuji-Mayi. Quant aux éléments de montage encore en Chine, leur expédition serait programmée avant fin août.
Les défis techniques s’ajoutent aux contretemps logistiques. Les équipes s’affairent actuellement à préparer les fondations destinées à supporter les lourdes structures métalliques de l’usine. Ce chantier préliminaire explique en partie le report du calendrier initial : la société vise désormais février 2026 pour produire son premier sac de ciment, soit un délai supplémentaire de plusieurs mois par rapport à l’échéance de fin 2025 annoncée lors du lancement.
Le véritable goulot d’étranglement réside dans le transport des équipements. L’acheminement depuis Lubumbashi vers Mbuji-Mayi se heurte à la fragilité du trafic ferroviaire sur l’axe Lubumbashi-Mwene-Ditu, passage obligé décrit comme « irrégulier et peu fiable » par les responsables du projet. Certains convois mettraient plusieurs semaines pour parcourir cette distance, paralysant littéralement la chaîne logistique. Cette situation illustre cruellement les défis infrastructurels qui entravent le développement industriel dans les provinces reculées de la RDC.
Quelles conséquences économiques pour la région ? Ce retard dans la construction de l’usine Kasaï-Oriental représente un manque à gagner significatif en termes d’emplois locaux et de dynamisation du secteur du bâtiment. Le ciment produit à Katanda devait pourtant répondre à une demande croissante et réduire la dépendance aux importations onéreuses. Si les promesses de Li Fugeng se concrétisent, ce projet pourrait encore devenir un pilier économique régional. Mais comme souvent en RDC, la route vers l’industrialisation semble semée d’embûches logistiques qui transforment les projets en parcours d’obstacles. L’horizon 2026 s’annonce désormais comme l’échéance critique pour ce chantier devenu emblématique des ambitions et des difficultés du développement congolais.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd