Dans la composition du deuxième gouvernement de la Première ministre Judith Suminwa, dévoilée ce 8 août sur la télévision nationale, une figure familière du secteur sportif congolais conserve son poste. Didier Budimbu, dont la gestion du ministère des Sports et Loisirs avait déjà marqué le précédent mandat, se voit renouveler la confiance du Président Félix Tshisekedi. Cette reconduction intervient dans un exécutif élargi à 53 membres, intégrant habilement l’opposition et la société civile – une stratégie d’ouverture politique aux contours encore incertains.
« Je vous exprime ma plus profonde gratitude pour la confiance renouvelée », a déclaré M. Budimbu sur la plateforme X, ajoutant qu’il abordait cette mission avec « un sens aigu de la responsabilité ». Des paroles mesurées qui contrastent avec l’ambition affichée de ses objectifs. Le ministre reconduit assure vouloir mener « avec détermination sans faille les réformes indispensables » pour hisser le sport congolais « à un niveau d’excellence ». Pourtant, l’absence totale de précisions sur la nature de ces réformes interroge : s’agit-il d’une simple posture rhétorique ou d’un véritable projet structuré ?
Son précédent mandat fut marqué par une stratégie de soft power international, avec des accords de visibilité signés auprès de clubs européens prestigieux comme l’AS Monaco et le FC Barcelone. Si ces partenariats ont offert une vitrine médiatique à la RDC, leur impact concret sur le développement des infrastructures sportives nationales ou la formation des jeunes talents locaux reste difficile à quantifier. Le ministre reconnaît lui-même l’« ampleur des défis » : disparités régionales criantes, manque chronique de financements, et gestion opaque des fédérations sportives.
La reconduction de Budimbu soulève ainsi des questions fondamentales sur la priorité réelle accordée au sport dans l’agenda gouvernemental. Alors que le gouvernement Suminwa affiche sa volonté de renouveau, le maintien d’un ministre dont le bilan antérieur suscite des réserves interpelle. Quelles réformes structurelles compte-t-il impulser ? Comment concilier les coûteux partenariats étrangers avec l’urgence de développer les terrains de quartier et les centres de formation à Kinshasa ou à Goma ? L’écart entre les promesses et les réalisations passées invite à une vigilance accrue.
Dans un pays où le football mobilise les passions mais où les athlètes olympiques s’entraînent souvent dans des conditions précaires, la tâche est immense. La société civile et les acteurs du secteur sportif attendront des actes concrets : transparence dans l’attribution des subventions, modernisation des infrastructures, et surtout, un plan clair pour démocratiser l’accès au sport. Sans cela, les déclarations de détermination risquent de n’être qu’un vœu pieux dans le paysage politique congolais.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: footrdc.com