La décision unilatérale du maire de Mwene Ditu de clore les ondes de Radio Nsenda Muana fait trembler les fondements de la régulation médiatique congolaise. Accusant la station d’incitation à l’incivisme fiscal médias et de discours tribaux, cette fermeture radio Mwene Ditu intervient dans un contexte où les édiles locaux tentent-ils de s’arroger des compétences dévolues au CSAC RDC? Ghislain Banza, coordonnateur provincial du régulateur, enfonce le clou : « La sécurité sociale évoquée relève d’accusations personnelles. Il fallait attendre notre procédure ».
Cette suspension média Kasaï illustre un dangereux précédent dans l’application chaotique de la loi Muyaya. Le texte, pourtant clair, stipule que toute sanction contre un organe de presse doit émaner d’une procédure réglementée supervisée par le CSAC. Le maire a-t-il cru pouvoir court-circuiter l’architecture juridique congolaise au nom d’une urgence fantasmée? « Il cite la loi mais n’en a pas l’autorité d’application », tranche Banza, soulignant que cette initiative solitaire rompt l’équilibre constitutionnel entre liberté d’expression et responsabilité sociale.
L’épisode dépasse la simple querelle administrative. En agissant en régulateur autoproclamé, l’édile ouvre une boîte de Pandore où chaque autorité locale pourrait désormais imposer sa loi aux médias sous couvert de maintien de l’ordre. Les défenseurs des libertés s’insurgent contre ce qui ressemble à une censure déguisée, tandis que le CSAC tente de contenir l’incendie en rappelant les règles du jeu démocratique. Le régulateur insiste sur l’impérieuse nécessité de laisser ses instances évaluer objectivement les accusations de discours tribaux avant toute sanction.
Cette crispation autour de la radio Nsenda Muana révèle un malaise plus profond : la tentation permanente du pouvoir politique de museler les voix dissonantes sous prétexte de cohésion sociale. L’argument de l’incivisme fiscal sert-il ici de paravent commode pour réduire au silence un média gênant? La réponse se niche peut-être dans l’insistance du CSAC à exiger le respect scrupuleux des procédures – ultime rempart contre l’arbitraire.
L’imbroglio juridique qui en découle place désormais le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel face à un dilemme cornélien : comment faire plier un élu local sans envenimer davantage les tensions? La crédibilité même de l’institution est en jeu dans ce bras de fer où le maire, jouant au régulateur urgentiste, a posé une question fondamentale : jusqu’où peut s’étendre l’autorité des élus territoriaux sur l’écosystème médiatique? La résolution de cette crise testera la solidité des garde-fous démocratiques congolais face aux velléités hégémoniques locales.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net