Deux chauffeurs humanitaires de la CARITAS ont été libérés ce vendredi 1er août, mettant fin à une courte mais traumatisante séquestration. Leur enlèvement était survenu la veille au sein même de la paroisse catholique Miséricorde Divine de Sake, dans le territoire de Masisi. Cette zone du Nord-Kivu reste le théâtre d’une insécurité récurrente malgré les opérations militaires.
La libération est intervenue à l’issue de négociations menées entre les ravisseurs et les autorités locales. Si les détails précis des discussions demeurent confidentiels, les sources sécuritaires évoquent une médiation rapide. Les deux agents, employés par l’organisation caritative catholique, ont reçu des premiers soins psychologiques. Leur état physique serait stable, selon des témoins proches de la paroisse.
L’abbé Joseph Bembeleza, curé de la paroisse Miséricorde Divine, a accueilli la nouvelle avec un soulagement teinté d’amertume. Dans une déclaration percutante, il a dénoncé l’atmosphère de terreur persistante à Kamuronza : « Ces chauffeurs ont subi des heures d’angoisse. Mais comment parler de répit quand nos déplacés vivent dans la peur quotidienne ? Ils ont tout perdu durant leur exil. Leur retour à Sake s’est fait dans le dénuement total. Recommencer à zéro sous la menace constante, est-ce cela la paix ? »
Le prélat a lancé un appel pressant aux autorités provinciales et nationales. Son plaidoyer exige une sécurisation tangible des villages et axes routiers du Masisi. « Nous réclamons des actes concrets, pas des promesses. La protection des humanitaires et des civils n’est pas négociable », a-t-il insisté. Ce nouvel incident illustre les défis opérationnels rencontrés par les ONG dans l’assistance aux milliers de déplacés du Nord-Kivu.
Le contexte demeure explosif. Malgré le retour progressif des populations dans le groupement de Kamuronza, les violences armées continuent d’entraver la reconstruction. Les communautés survivent sans accès sécurisé aux champs ni aux marchés. L’enlèvement d’agents humanitaires près de Sake sonne comme un avertissement glaçant : jusqu’où l’impunité peut-elle s’étendre ?
L’abbé Bembeleza a néanmoins exhorté ses paroissiens à la résilience. « Rien n’est éternel, pas même cette noirceur. L’espoir doit survivre car la paix finira par triompher », a-t-il affirmé. Un message de foi qui peine à masquer l’urgence sécuritaire. Les autorités n’ont pas encore communiqué sur d’éventuelles poursuites contre les ravisseurs. L’enquête se poursuit dans un climat de méfiance généralisée.
Cette libération à Sake n’offre qu’un répit précaire. Elle rappelle cruellement que le Nord-Kivu reste pris au piège d’un cycle infernal : déplacements massifs, retours périlleux et menaces persistantes sur les acteurs de l’aide. Quand les humanitaires deviennent des cibles, quelle protection reste-t-il pour les plus vulnérables ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
