L’Examen d’État en RDC, ce rite de passage crucial pour des milliers de jeunes, se heurte une fois de plus à la dure réalité de l’insécurité dans l’Est du pays. À Mubumbano, dans le territoire de Walungu au Sud-Kivu, 27 élèves finalistes ont vu leur rêve s’envoler ce mardi, incapables de se présenter aux épreuves en raison des violences armées qui ensanglantent la région. Une situation symbolique d’un problème bien plus large : comment bâtir l’avenir quand la guerre vole le présent ?
La députée provinciale Béatrice Nanvono l’a confirmé avec amertume : “Sur 296 élèves attendus au centre de Mubumbano, seuls 269 ont effectivement pris part à l’examen”. Ces 27 absents, majoritairement issus de familles déplacées, ont été contraints d’abandonner leur scolarité au fil de l’année, chassés par les affrontements impliquant les rebelles du M23. Leur parcours scolaire sacrifié sur l’autel d’un conflit qui dépasse leur compréhension. Combien de destins brisés faudra-t-il encore déplorer avant que l’éducation ne soit considérée comme une zone sanitaire ?
Si les épreuves se sont déroulées sans incident majeur dans d’autres centres de Walungu – comme le lycée Mulezi Wabana ou la paroisse de Mulamba –, l’ombre de l’insécurité plane lourdement. L’inspecteur principal provincial de l’EPST Sud-Kivu 1 révèle un chiffre glaçant : 2 986 candidats finalistes de toute la province n’ont pu participer aux épreuves préliminaires. De Bukavu à Kalehe en passant par Idjwi et Kabare, le conflit M23 crée une génération sacrifiée, privée de son droit fondamental à l’éducation.
Derrière chaque statistique se cachent des visages. Ces élèves absents à Walungu ne sont pas de simples numéros : ce sont des adolescents qui ont fui leurs villages sous les balles, traînant leur uniforme dans les camps de déplacés. Leur absence à l’Examen d’État scelle tragiquement des mois d’efforts réduits à néant par une guerre qu’ils n’ont pas choisie. Quand le bruit des armes couvre le silence des salles d’examen, que reste-t-il de l’espoir ?
Cette situation met en lumière l’urgence de protéger les écoles comme sanctuaires. Alors que la RDC tente de reconstruire son système éducatif, l’insécurité dans le Sud-Kivu agit comme un poison lent, sapant les fondements mêmes du développement. Les déplacés scolaires, ces invisibles du conflit, paient le prix fort d’une instabilité chronique. Jusqu’à quand tolérera-t-on que l’avenir du pays s’évapore dans la fumée des combats ? La réponse à cette question déterminera si l’éducation pourra enfin triompher de la guerre.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net