Dans la cour d’une école abandonnée de Kalehe, seuls résonnent les échos des combats. « Nos enfants apprennent la peur au lieu des mathématiques », confie amèrement un parent déplacé, visage creusé par l’angoisse. Ce témoignage résume la tragédie que vit le Sud-Kivu, où le dernier rapport du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) peint un tableau apocalyptique : une province où l’éducation s’effondre et où les civils sont abandonnés à la violence des conflits armés.
La crise humanitaire au Sud-Kivu atteint des proportions alarmantes. Selon les données d’OCHA couvrant juin 2025, 635 établissements scolaires – soit 7,7% des écoles de la province – ont dû fermer leurs portes. Imaginez : 272 500 enfants privés de leur droit fondamental à l’éducation, dont 146 285 filles déjà vulnérables. Comment reconstruire un avenir lorsque les salles de classe se transforment en champs de bataille ?
La protection des civils dans l’est de la RDC n’est plus qu’un vœu pieux. Dans les territoires de Fizi, Mwenga ou Uvira, 2 244 incidents de violations ont été documentés rien qu’en un mois. Derrière ces chiffres glaçants se cachent des réalités insoutenables : femmes violées devant leurs enfants, paysans dépouillés de leur dernière récolte, adolescents enrôlés de force par des milices. Jusqu’à quand ces populations paieront-elles le prix de conflits armés au Sud-Kivu qui n’en finissent plus ?
L’effondrement de l’éducation en RDC prend ici une dimension catastrophique. Au moins 12 écoles sont occupées ou attaquées par des groupes armés, transformant ces lieux de savoir en bases militaires. Conséquence directe : 20 523 enfants n’ont même pas pu se présenter aux examens de fin de primaire. Quelle génération émergera de cette hémorragie éducative ?
Pendant ce temps, l’aide humanitaire peine à atteindre les victimes. Les axes routiers sont coupés par les affrontements, bloquant l’acheminement de l’eau potable et des supplements nutritionnels dans des zones déjà au bord de la famine. Malgré ces obstacles, OCHA a fourni une assistance alimentaire à 408 000 personnes – goutte d’eau dans un océan de besoins.
Ce rapport d’OCHA sur la RDC sonne comme un cri d’alarme étouffé. La communauté internationale va-t-elle enfin agir face à cette spirale infernale où conflits armés provoquent l’effondrement des services essentiels, alimentant à leur tour plus de violence ? Sans protection réelle des civils et sans éducation, le Sud-Kivu s’enfonce dans une nuit sans fin. L’urgence n’est plus de documenter la chute, mais d’arrêter l’effondrement.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
