La province du Maï-Ndombe fait face à une recrudescence alarmante de choléra, où la saison de pêche se révèle être un vecteur inattendu de propagation. Selon le Dr Francis Kambol, chef de la division provinciale de la santé, l’absence criante d’eau potable et de structures d’hygiène dans les campements de pêcheurs transforme ces zones en foyers épidémiques. Comment une activité économique vitale est-elle devenue un piège sanitaire ?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 363 cas suspects enregistrés, dont 44 décès, établissant un taux de létalité de 12,11% – bien au-delà du seuil d’urgence de 1% fixé par l’OMS. Bolobo, identifié comme l’épicentre de cette crise sanitaire, voit la courbe épidémique grimper dangereusement avec Mushie, Nioki et Yumbi également en alerte rouge. Le Dr Kambol souligne que « les contaminations surviennent majoritairement sur les îlots où les pêcheurs s’entassent sans accès à l’eau salubre ». Une fois contaminés, ces travailleurs deviennent des porteurs involontaires, disséminant la bactérie à leur retour dans les communautés riveraines.
Le mécanisme est implacable : en saison sèche, la concentration des pêcheurs dans des campements précaires crée un bouillon de culture idéal pour Vibrio cholerae. Sans latrines ni points d’eau traitée, les mains souillées et l’eau contaminée des rivières deviennent des autoroutes pour la bactérie. Imaginez un cercle vicieux où chaque geste quotidien – boire, cuisiner, se laver – devient un risque mortel. Les symptômes initiaux (diarrhées aqueuses, vomissements) évoluent en déshydratation sévère pouvant tuer en heures si non traitée.
Face à cette urgence, la division provinciale de la santé prépare un déploiement massif dans les zones critiques. Objectif : former en urgence les prestataires de soins locaux aux protocoles de réhydratation et d’isolement. Le Dr Kambol annonce l’appui crucial de Médecins Sans Frontières et du gouvernement provincial, tandis qu’une intervention du pouvoir central est espérée. Mais en attendant, que peut faire la population ? Les recommandations sont claires :
- Ébullition systématique de l’eau avant consommation
- Lavage des mains au savon avant tout contact alimentaire
- Désinfection immédiate des surfaces contaminées
- Consultation médicale dès les premiers signes de diarrhée sévère
Cette épidémie de choléra dans le Maï-Ndombe révèle une vérité crue : la précarité des campements de pêcheurs mine la santé publique en RDC. Si des solutions durables comme l’installation de forages et de stations de traitement d’eau sont indispensables, l’éducation hygiénique reste l’arme immédiate. Combien de vies pourraient être sauvées par un simple savon ? La réponse dépendra de la rapidité de la mobilisation collective.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd