Dans un contexte sécuritaire extrêmement volatile, Médecins Sans Frontières (MSF) a considérablement renforcé ses opérations médicales dans le Sud-Kivu. Lors d’un point presse tenu à Bukavu ce 3 juillet 2025, l’organisation a dressé un tableau alarmant des défis quotidiens : instabilité chronique, criminalité rampante et déplacements massifs de populations qui compromettent l’accès aux soins de base et aux ressources alimentaires.
Comment fournir une aide médicale efficace quand les populations fuient les combats et que les routes deviennent impraticables ? C’est le défi relevé par les équipes MSF Sud-Kivu qui ont traité pas moins de 1.422 cas de choléra dans les zones critiques d’Uvira et Ruzizi ces trois derniers mois. Une course contre la montre alors que cette maladie hydrique, comparable à un poison invisible dans l’eau, prolifère dans les conditions d’hygiène précaires des sites de déplacés.
Le bilan d’activité révèle aussi une autre urgence silencieuse : 600 survivantes de violences sexuelles ont reçu des soins médico-psychologiques à Uvira et Kamanyola. Un chiffre glaçant qui souligne l’impact des conflits armés sur les civils, particulièrement les femmes et les enfants. « Chaque cas représente une vie brisée qui nécessite un accompagnement sur le long terme », pourrait témoigner un travailleur social sur place.
Face à cette crise humanitaire en RDC, MSF déploie une stratégie à plusieurs volets :
- Renforcement des infrastructures avec la construction de centres de traitement du choléra à Uvira et Sange
- Chloration préventive de 50 points d’eau à Uvira et édification de 200 latrines dans la plaine de Ruzizi
- Soutien médical à 5 structures sanitaires à Walungu
- Prise en charge de 7.500 patients en consultations ambulatoires
Ces interventions médicales dans la région de Ruzizi s’accompagnent d’une anticipation des besoins futurs. Un nouveau centre anti-choléra sera opérationnel prochainement aux Cliniques Universitaires de Bukavu, preuve que l’urgence sanitaire dépasse les zones rurales pour gagner les centres urbains.
Malgré l’ampleur des défis logistiques et sécuritaires – comment acheminer des médicaments quand les humanitaires sont eux-mêmes pris pour cibles ? – MSF maintient son cap. Ces actions combinées de soins curatifs et de prévention forment un rempart essentiel contre l’effondrement du système de santé local. Une lueur d’espoir dans une province où l’accès aux soins reste un parcours semé d’embûches pour des milliers de Congolais.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd