Le choc est encore palpable dans le quartier Luano de Lubumbashi. « C’est la désacralisation totale », murmure un paroissien devant l’église Saint-François d’Assise aux portes désormais closes. Dans la nuit du 1er juillet, des intrus ont transformé ce lieu sacré en scène de sacrilège, volant méthodiquement tout ce qui servait au culte divin.
Le vicaire général Emmanuel Mumba, dépêché sur place par Mgr Fulgence Muteba, dresse un constat glaçant : « Ils ont pris tous les objets entrant dans la consécration : tuniques, croix d’autel, nappes sacrées. Pire, ils se sont attaqués au Saint Sacrement, vandalisant le tabernacle avant de brûler des hosties non consacrées. Même les tam-tams et micros ont disparu ». Cette description précise illustre une violence systématique contre le sacré, laissant derrière elle un vide spirituel.
« À travers les signes que nous avons pu voir, on a pris tout ce qui sert à la célébration de la messe. C’est une profanation caractérisée » – Emmanuel Mumba, Vicaire général
Face à ce saccage organisé, l’archevêque métropolitain de Lubumbashi a pris une décision radicale : la fermeture immédiate de la paroisse jusqu’à la célébration d’une messe de réparation. Une mesure douloureuse mais nécessaire selon les autorités diocésaines, qui résonne comme un cri d’alarme. Comment en est-on arrivé à cette multiplication des profanations d’églises en RDC ? La question hante désormais les fidèles condamnés à prier chez eux.
Ce triste épisode n’est malheureusement pas isolé. En 2021 déjà, Mgr Muteba dénonçait des actes similaires dans les paroisses Saint-Esprit et Notre-Dame des Pauvres. Plus récemment au Lualaba, Mgr Richard Kazadi a dû fermer une église après un vandalisme comparable. Cette inquiétante série interroge sur la sécurité des lieux de culte au Congo. Les objets liturgiques volés à Lubumbashi rejoignent-ils des trafics occultes ? Ou ces saccages répondent-ils à une logique de provocation délibérée ?
L’archevêché exige des enquêtes approfondies pour identifier les auteurs de ces actes qui blessent profondément la communauté catholique. « Les services de sécurité doivent agir vite », insiste un diacre rencontré aux abords de la paroisse scellée. Derrière la colère, pointe l’amertume des fidèles : « Où trouverons-nous maintenant la paix du dimanche ? » s’interroge Mama Kapinga, habituée des messes dominicales.
Ces vandalismes répétés révèlent une crise plus profonde. La recrudescence des profanations d’églises au Katanga souligne la vulnérabilité des sanctuaires face à l’insécurité grandissante. Au-delà du traumatisme religieux, c’est le tissu social qui se déchire. Privés de leur lieu de rassemblement, les paroissiens perdent un ancrage communautaire essentiel dans une région marquée par les défis économiques. La fermeture de Saint-François d’Assise sonne comme un symbole alarmant : quand les lieux sacrés deviennent des cibles, c’est toute la cohésion sociale qui vacille. Reste à savoir si les autorités prendront la mesure de cette spirale inquiétante avant que d’autres sanctuaires ne subissent le même sort.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd