Une mission cruciale de supervision du Projet d’Appui au Secteur Agricole Nord-Kivu (PASA-NK) s’ouvre dans un contexte adaptatif remarquable. Initialement prévue à Goma, l’évaluation s’est repliée sur Kinshasa jusqu’au 4 juillet, réponse pragmatique à l’insécurité persistante dans cette province orientale. Cette décision stratégique, incluant la participation à distance d’experts, fait suite à des pertes logistiques substantielles, illustrant les défis opérationnels en RDC.
Freddy Falanga, chef de division au ministère de l’Agriculture, précise l’objectif : « Évaluer les activités du Plan de Travail et Budget Annuel 2025, apprécier le taux d’avancement et préparer la restitution de vendredi ». Ce bilan intégrera particulièrement la gestion financière, l’état des infrastructures rurales et la progression des marchés agricoles, piliers de la sécurité alimentaire Nord-Kivu.
Doté initialement de 53 millions USD par le FIDA, avec cofinancement OFID et gouvernement congolais, le PASA-NK cible depuis 2018 l’amélioration durable des revenus de 33 400 petits producteurs. Son approche novatrice ? Un modèle économique centré sur les organisations paysannes, structuré autour de trois axes : renforcement des capacités des acteurs agricoles, réhabilitation des voies de desserte agricole, et gestion coordonnée depuis Goma. Une architecture unique au FIDA en RDC, impliquant directement ONG et coopératives locales.
Les résultats interpellent : à mi-parcours en 2022, 61,21% des bénéficiaires étaient touchés. Aujourd’hui, le cap des 90% est franchi selon Jonas Dialekonga, responsable suivi-évaluation : « Nous avons des impacts très significatifs sur la production et les conditions de vie, malgré des retards sur certaines infrastructures ». Comment ce projet résilient a-t-il transformé les filières maïs, riz, café et pomme de terre dans les territoires de Beni à Rutshuru ?
La clé réside dans le mécanisme d’appui direct aux organisations paysannes. En développant leurs services économiques et en réhabilitant 215 km de routes agricoles via la Division des Voies de Desserte Agricole (DVDA), le projet a fluidifié l’accès aux marchés. Conséquence : une hausse mesurable de la rentabilité des exploitations, véritable bouclier contre l’insécurité alimentaire.
Cette mission déterminera les ajustements nécessaires pour les 10% restants. Ses livrables – un aide-mémoire et un rapport complet – analyseront les contraintes persistantes : insécurité limitant l’accès à Walikale, complexité des marchés publics, et vulnérabilité climatique. Des solutions concrètes seront proposées pour sécuriser les 3,34 millions USD d’investissements restants.
À l’heure où la RDC cherche à diversifier son économie au-delà des minerais, le PASA-NK démontre que l’agriculture structurée peut être un moteur de stabilité. Sa réussite finale dépendra cependant de la sécurisation des zones d’intervention et de la pérennisation des infrastructures agricoles. Le Nord-Kivu pourra-t-il ainsi transformer son potentiel agronomique en prospérité partagée ? La réponse s’écrit cette semaine à Kinshasa.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd