La Synergie des organisations de la société civile du Sud-Kivu, appuyée par le Barza intercommunautaire, a lancé un cri d’alarme ce mardi face à la paralysie bancaire prolongée dans les territoires contrôlés par des groupes armés. Cette fermeture institutionnelle, conséquence directe de l’occupation armée banques, étrangle littéralement l’économie régionale et viole les droits socio-économiques fondamentaux des populations selon la société civile Sud-Kivu.
Une crise humanitaire aux ramifications économiques
Depuis la prise de Bukavu et Goma par les rebelles du M23/AFC, le paysage financier ressemble à un désert monétaire. Les institutions bancaires et de microfinance ont suspendu leurs opérations, créant une rupture systémique dans la circulation des capitaux. Comment une économie peut-elle respirer sans oxygène financier ? Les conséquences sont tangibles : projets gelés, inflation galopante sur les marchés locaux, et surtout, des milliers de fonctionnaires, enseignants et opérateurs économiques incapables d’accéder à leurs avoirs. Samy Kitambala, vice-président de la société civile, dénonce une situation intenable : « Cette crise économique RDC prive les citoyens de leurs salaires, crédits et épargnes, transformant la vie quotidienne en parcours du combattant ».
L’exode bancaire : une saignée pour l’économie nationale
Le phénomène le plus révélateur de cette asphyxie financière réside dans l’exode forcé des usagers congolais vers le Rwanda voisin. Des files interminables se forment désormais aux guichets rwandais où les résidents du Sud-Kivu effectuent leurs retraits, créant un paradoxe économique désastreux. Chaque transaction transfrontalière représente un manque à gagner immédiat pour le Trésor congolais et affaiblit davantage le tissu économique local. Ce contournement bancaire illustre crûment l’échec des mesures alternatives proposées jusqu’ici, transformant l’accès bancaire zones conflit en véritable course d’obstacles pour les populations civiles.
Le dilemme sécurité versus survie économique
Le gouvernement congolais, par la voix de son porte-parole Patrick Muyaya, justifie cette paralysie financière par des impératifs sécuritaires et juridiques incontournables. « Aucune institution financière ne peut opérer dans des zones contrôlées par des mouvements sous sanctions internationales sans s’exposer à des représailles », argumente-t-il, soulignant que cette décision relève davantage de la conformité aux régulations internationales que d’un choix politique. Pourtant, cette position bute sur une réalité implacable : les banques fermées Sud-Kivu aggravent la précarité dans des régions déjà meurtries, créant un terreau fertile pour l’économie informelle et la criminalité financière. La question centrale demeure : comment concilier sécurité des transactions et droit fondamental à l’accès bancaire ?
Un appel pressant pour des solutions innovantes
Face à cette impasse, la société civile plaide pour une approche créative incluant potentiellement des mécanismes bancaires sécurisés sous supervision internationale. Les organisations locales réclament urgemment un cadre réglementaire adapté permettant de rétablir des services financiers minimaux sans contrevenir aux sanctions. L’enjeu dépasse la simple réouverture des guichets : il s’agit de prévenir l’effondrement complet des circuits économiques locaux et l’embrasement social qui pourrait en découler. L’économie du Sud-Kivu, déjà fragilisée par des années de conflits, ne survivra pas indéfiniment à cette hibernation forcée de son système financier. La balle est désormais dans le camp des autorités congolaises pour trouver l’équilibre délicat entre impératifs géopolitiques et urgence humanitaire.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net