Alors que la RDC commémore son indépendance, une question cruciale émerge : les jeunes Congolais comprennent-ils vraiment le sens profond de cette libération historique ? Le professeur Kabeya Tshikuku, éminent économiste de l’Université de Kinshasa (UNIKIN), lance un pavé dans la mare du système scolaire congolais. Lors d’une intervention remarquée ce dimanche 29 juin, il a exigé une refonte radicale de notre approche éducative.
« Nous ne pouvons nous contenter de danses et de discours commémoratifs », assène l’universitaire dans un enregistrement exclusif. Son diagnostic est sans appel : le enseignement histoire indépendance actuel reste superficiel, privant les écoliers et étudiants d’une compréhension réelle des luttes fondatrices. Mais comment transformer les célébrations rituelles en leçons formatrices ?
Pour Kabeya Tshikuku, la solution réside dans une réforme éducative RDC ambitieuse. Il plaide pour des programmes intégrant l’analyse critique des archives coloniales, les trajectoires des figures indépendantistes oubliées, et les contradictions post-1960. « L’histoire n’est pas un conte de fées à mémoriser, mais un champ de bataille intellectuel à investir », explique-t-il, défendant une éducation critique RDC qui forge l’esprit patriotique par la connaissance plutôt que par le folklore.
Cette vision rencontre un écho particulier chez les enseignants du secondaire. Jean-Bosco Mbuyi, professeur d’histoire à Matete, confie : « Nos manuels réduisent souvent l’indépendance à Lumumba et au 30 juin. Mes élèves ignorent tout du rôle des syndicats, des femmes résistantes ou des divisions politiques qui ont suivi. » Un constat qui souligne l’urgence pédagogique dénoncée par le Kabeya Tshikuku UNIKIN.
Les implications dépassent la salle de classe. Enseigner la complexité historique, c’est préparer une génération à décrypter les enjeux contemporains. « Comment bâtir un État solide si la jeunesse ne maîtrise pas les racines des crises institutionnelles récurrentes ? », interroge le professeur. Sa proposition inclut la création de laboratoires d’histoire dans les universités et la formation continue des enseignants aux méthodologies décoloniales.
Ce plaidoyer s’inscrit dans un débat plus large sur l’identité nationale. Alors que la RDC affronte des défis géopolitiques majeurs, repenser la transmission mémorielle devient un impératif stratégique. La balle est désormais dans le camp des décideurs politiques : sauront-ils transformer cette alerte en feuille de route concrète pour notre école congolaise ?
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net