Dans une déclaration chargée de symboles, le président Félix-Antoine Tshisekedi a qualifié jeudi dernier le conflit persistant dans l’Est de la République Démocratique du Congo de “guerre injuste”, mettant en lumière le lien organique entre les violences armées et l’exploitation prédatrice des ressources naturelles congolaises. Cette analyse, délivrée lors d’un entretien exclusif, frappe par sa lucidité tant elle dévoile l’essence économique d’un conflit trop souvent réduit à des considérations ethniques.
Le chef de l’État congolais pointe un mécanisme bien huilé : des acteurs étrangers, dont il nomme explicitement le Rwanda, soutiendraient des groupes armés pour contrôler les zones minières stratégiques. « L’agression subie par la RDC trouve sa source dans la convoitise économique », a-t-il martelé, rejoignant ainsi les conclusions accablantes des rapports d’experts onusiens qui documentent depuis des années ce pillage systématique. Dans ce jeu d’échecs géopolitique, les populations civiles paient le prix fort d’une guerre dont elles ne perçoivent même pas les dividendes.
Face à cette réalité amère, la médiation tripartite menée par Massad Boulos – conseiller principal de Donald Trump pour l’Afrique – en partenariat avec le Qatar et l’Union Africaine, représente-t-elle une lueur d’espoir ? Le président Tshisekedi a salué cette initiative diplomatique visant à apaiser les tensions avec Kigali, tout en insufflant une note de prudence réaliste. Car comment croire à une paix durable lorsque les minerais du Kivu continuent de financer l’instabilité régionale ? La question demeure en suspens, tant les intérêts économiques en jeu semblent résister aux déclarations d’intention.
En parallèle de ce volet international, le locataire du palais de la Nation a mis en avant les réformes économiques internes engagées par son gouvernement. Lutte contre la corruption, relance de la production locale via le programme “Développement Local des 145 Territoires”, investissements éducatifs : autant de chantiers présentés comme des remparts contre la prédation extérieure. Mais ces efforts nationaux suffiront-ils sans un front africain uni ? Le président a fustigé avec une ironie mordante l’« inaction complice » de certains États du continent, lançant un appel pressant à la solidarité panafricaine.
« Nous voulons la paix, mais pas à n’importe quel prix », a déclaré Félix Tshisekedi, réaffirmant la détermination des FARDC à défendre l’intégrité territoriale. Cette posture ferme, aux allures de ligne rouge, interroge sur la marge de manœuvre réelle des médiateurs. Entre pressions économiques et fierté nationale, le chemin vers la pacification de l’Est congolais ressemble à un parcours semé d’embûches. Les prochaines semaines révéleront si cette médiation inédite parviendra à désamorcer l’un des conflits les plus complexes du continent, ou si elle se heurtera au mur des réalités minières qui alimentent depuis trop longtemps cette guerre oubliée.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net