Une crise agropastorale déchire le village de Murambi, dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu. Depuis la recrudescence des conflits armés, cette zone stratégique située entre Rubaya et Ngungu, à proximité des carrières minières, est la cible d’attaques systématiques. Des groupes armés non identifiés pillent régulièrement les fermes et dérobent le bétail, plongeant les éleveurs dans une précarité extrême.
Pour ces communautés rurales, les pertes s’accumulent. Des troupeaux patiemment constitués sur des années disparaissent en quelques nuits, anéantissant des décennies d’efforts. Comment reconstruire lorsque le capital économique s’évapore sous la menace des armes ? La question hante les éleveurs Murambi, dont la résilience est mise à rude épreuve.
Face à l’adversité, une solidarité exemplaire s’organise. Les moins touchés viennent en aide à ceux qui ont tout perdu, selon un système d’entraide communautaire. Mais cette solidarité éleveurs RDC montre ses limites. Faustin Bizimungu, secrétaire exécutif de l’association des éleveurs de Masisi, dresse un bilan accablant : « Celui qui a encore du bétail ne trouve plus de produits vétérinaires. Résultat : lait et fromage deviennent des denrées de luxe sur nos marchés ».
Le mécanisme d’assistance locale permet parfois d’offrir une bête pour relancer un élevage. Pourtant, cette initiative reste dérisoire face à l’ampleur des vols de bétail Nord-Kivu. « Quand un membre perd tout, on l’aide. Mais comment faire quand les pertes se comptent par dizaines de têtes ? », interroge Bizimungu. La crise agropastorale Masisi atteint un seuil critique, où même l’entraide ne suffit plus à colmater l’hémorragie.
Un appel pressant a été lancé aux autorités provinciales et nationales. Les éleveurs exigent une action concrète pour rétablir la sécurité. Ils rappellent amèrement qu’une maison détruite se reconstruit en un an, mais qu’un troupeau de 50 vaches volées nécessite des décennies de reconstitution. Sans soutien extérieur et sans paix durable, cette tâche relève de l’impossible.
Les conflits armés Nord-Kivu continuent d’asphyxier l’économie locale. L’insécurité permanente empêche tout accès aux soins vétérinaires et bloque les circuits commerciaux. Les fermiers de Murambi insistent : seule la fin des violences permettra de ressusciter la filière agropastorale. Combien de troupeaux devront encore disparaître avant que leur cri d’alarme ne soit entendu ? La survie de toute une communauté se joue désormais dans la balance.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
