Dans le territoire de Beni au Nord-Kivu, une crise sanitaire silencieuse frappe plus de 5000 habitants de Vido. L’unique poste de santé de cette localité a fermé ses portes il y a deux ans, victime de l’insécurité persistante et d’une pénurie criante de personnel médical. Imaginez-vous devoir marcher 15 à 20 kilomètres avec une fracture ou une femme en travail ? C’est pourtant la réalité quotidienne de ces populations abandonnées, contraintes à un véritable parcours du combattant pour accéder aux soins les plus élémentaires.
Les alternatives sont loin d’être satisfaisantes : les plus robustes se rendent à Kainama (15 km) ou à Tchabi dans le territoire voisin de Djugu. Pour les cas graves ou les femmes enceintes, c’est vers Boga – à près de 20 kilomètres – que se dirigent les familles désespérées. Comment prévenir les décès évitables quand chaque minute compte ? Archipe Kyusa, chargé de supervision épidémiologique dans la zone de santé d’Oicha, confirme ce tableau alarmant : « L’insécurité est la cause principale de cette fermeture ». Des solutions temporaires sont envisagées, notamment un appui des centres de santé de Tchabi et Kainama, mais elles restent insuffisantes face à l’ampleur des besoins.
Cette crise d’accès aux soins à Beni s’aggrave d’une autre menace invisible : une pénurie généralisée d’intrants pour le dépistage du VIH/SIDA. Depuis plusieurs semaines, les zones de santé de Beni, Butembo et Lubero sont dépourvues des kits essentiels pour surveiller la prévalence du virus. Dans un contexte où des milliers de déplacés fuient les zones contrôlées par le M23/AFC, cette carence est explosive. Peut-on réellement contrôler une épidémie sans outils de diagnostic ? La réponse est non, et les conséquences pourraient être désastreuses.
Le double défi est clair : d’un côté, la fermeture du poste de santé de Vido prive une communauté entière de soins primaires, augmentant les risques de complications pour des maladies curables. De l’autre, la pénurie de dépistage VIH dans le Nord-Kivu compromet des années d’efforts de santé publique. Les déplacés, déjà vulnérables, sont les premières victimes de cette tempête parfaite. Comment briser ce cercle vicieux ? Les autorités sanitaires doivent urgemment sécuriser les infrastructures médicales et rétablir la chaîne d’approvisionnement en tests VIH. Sans cela, la crise sanitaire à Beni risque de se transformer en catastrophe humaine.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net