Une onde de choc sécuritaire traverse Kinshasa. L’opération de désengorgement carcéral menée par le ministre d’État Constant Mutamba libère des centaines de détenus. Mais cette mesure humanitaire tourne au cauchemar urbain. Les Kinois constatent, impuissants, une recrudescence alarmante des crimes violents.
Le procureur général Firmin Mvonde lance l’alerte dans un communiqué cinglant. Des « nouvelles alarmantes » signalent la circulation illégale d’anciens prisonniers. Particulièrement ceux évadés du centre pénitentiaire de Makala. « Je vous instruis instamment d’intensifier les recherches de ces hors-la-loi », ordonne-t-il aux procureurs généraux. La consigne est claire : réincarcérer ces évadés « pour avoir quitté les lieux carcéraux en dehors de tout critère légal ».
Comment une mesure de décongestion a-t-elle pu dégénérer en crise sécuritaire ? Les supermarchés et maisons de change deviennent des cibles privilégiées. Des hommes cagoulés opèrent en plein jour, semant la terreur. Leurs armes crachent sans distinction. Toute résistance se solde par des blessés ou des morts.
L’urgence présidentielle a été déclenchée. Félix Tshisekedi exige une riposte rigoureuse face à « l’avalanche des braquages ». Trois criminels viennent d’écoper de lourdes peines devant la cour militaire de Matete. Leur forfait ? Des attaques sanglantes dans la commune de Lemba. Un signal fort dans une capitale où l’impunité semblait régner.
Le phénomène dépasse les simples braquages. Il y a un mois, des cambistes de l’université de Kinshasa (UNIKIN) subissaient une attaque coordonnée. Des sommes colossales leur ont été extorquées sous la menace des armes. Un symbole de la porosité sécuritaire qui mine la capitale congolaise.
Firmin Mvonde exige désormais des rapports ponctuels. Objectif : établir un « tableau synoptique des cas avérés ». L’enquête déterminera les responsabilités dans ces évasions massives. Des « conséquences de droit » seront tirées, promet le magistrat. La machine judiciaire s’ébranle enfin.
Mais les Kinois restent sur le qui-vive. Chaque libération non contrôlée se transforme-t-elle en permis de tuer ? La prison de Makala, épicentre de cette crise, cristallise les angoisses. Les autorités jouent désormais contre la montre. Car dans les ruelles de Lemba comme aux abords de l’UNIKIN, la psychose grandit. La traque des évadés devient la priorité absolue d’une capitale au bord de l’asphyxie criminelle.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd