L’échiquier politique congolais connaît un séisme d’ampleur avec la démission surprise de Constant Mutamba Tungunga, ministre d’État chargé de la Justice. Ce mardi 17 juin 2025, après une entrevue tendue d’une heure avec le président Félix Tshisekedi, le haut magistrat a scellé son départ du gouvernement, annonçant la formalisation imminente de sa démission par voie épistolaire auprès de la Primature et de la présidence.
Cette démission Mutamba RDC intervient dans un contexte de crise gouvernementale aiguë, où les espoirs placés en mai 2024 dans cette figure judiciaire se sont mués en désillusion collective. Comment un ministre chargé de l’épineux dossier des réformes judiciaires a-t-il pu se retrouver empêtré dans un scandale de détournement de fonds publics ? La réponse se niche dans l’affaire du projet carcéral de Kisangani, ce serpent de mer où 19 millions de dollars se seraient volatilisés dans des circonstances troubles.
La levée d’immunité du ministre de la Justice par l’Assemblée nationale ce 15 juin a constitué le point de rupture. Suite au réquisitoire cinglant du procureur général près la Cour de cassation, Mutamba s’est retrouvé dans une position intenable : interdit de quitter Kinshasa, menacé d’un mandat d’arrêt imminent, et accusé d’outrage aux institutions pour avoir évoqué un « complot politique ». La machine judiciaire qu’il devait réformer s’est retournée contre son propre ministre.
Cette affaire Mutamba prison illustre-t-elle les démons récurrents de la gouvernance congolaise ? L’ironie est cruelle : le gardien des sceaux, censé incarner la moralisation de la vie publique, contraint à la démission pour des malversations présumées dans la construction d’un établissement pénitentiaire. Un symbole accablant pour l’administration Tshisekedi, déjà fragilisée par une série de scandales financiers.
La crise gouvernement Tshisekedi entre désormais dans une phase critique. Le départ du ministre de la Justice crée un vide stratégique dans un secteur clé des réformes, tandis que le scandale détournement Kisangani continue d’éclabousser l’exécutif. Mutamba, désormais sans protection parlementaire, devra affronter la justice dans une procédure qui s’annonce hautement politique. Sa chute spectaculaire pose une question lancinante : qui d’autre dans l’entourage présidentiel pourrait être emporté par cette tourmente ?
Alors que Kinshasa retient son souffle, les prochains jours révéleront si cette tempête judiciaire restera un épisode isolé ou marquera le début d’un tremblement de terre politique durable. Le président Tshisekedi joue désormais une partie d’échecs complexe où chaque mouvement pourrait fragiliser davantage sa majorité déjà chancelante.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd