Dans le tumulte médiatique congolais, une analyse cinglante perce le brouillard des illusions politiques. L’économiste Jo M. Sekimonyo dénonce une réalité glaçante : les formations politiques en RDC fonctionneraient comme des « syndicats criminels accrédités », transformant l’État en pourvoyeur officiel de revenus privés. Cette mécanique perverse expliquerait l’indécente cascade de détournements récents, des 19 millions USD évaporés pour la prison de Kisangani aux 670 millions de dollars disparus sous l’Autorité de régulation de la sous-traitance.
Le constat est sans appel : « Le label ‘parti’ sert de parapluie légal pour accéder aux ressources publiques », redistribuées dans des réseaux clientélistes. L’analyse révèle une hiérarchie stable où le « parrain politique » offre l’accès à la mangeoire publique contre loyauté absolue. Des figures comme Moïse Katumbi ou Bahati Lukwebo incarnent ce système où « l’enjeu n’est pas la confrontation de programmes, mais la survie d’un système de prédation ».
Comment expliquer, interroge l’économiste, la nomination de personnalités sans bilan à des postes clés comme la présidence du Sénat, sinon par leur allégeance inconditionnelle au chef de l’État ? Cette logique mafieuse éclaire les scandales de gouvernance congolaise : tandis que Félix Tshisekedi prépare un pacte économique à Washington, des villages du Rutshuru brûlent sous les assauts du M23. L’argent coule à flots – mines, aide internationale – mais « amplifie la tentation » sans développement à la clé.
La répression des lanceurs d’alerte constitue le « dôme de fer » protégeant ce système. De Jean-Marc Kabund à Nicolas Kazadi, les dénonciateurs sont muselés sous l’accusation commode de « faux bruits ». Les affaires Kamerhe et Matata Ponyo serviraient d’avertissements aux trop indépendants, tandis que le dossier Kabila reste suspendu à des « ajustements de cordes musicales en coulisses ».
Cette architecture criminelle rend vaine la lutte contre la corruption RDC en l’absence de réforme politique Congo profonde. « Même sans détournement, les gaspillages s’intensifieraient par surfacturation ou rétro-commission », prévient Sekimonyo. La solution ? Un « véritable contrat social » incluant une refonte électorale : majorité absolue pour la présidentielle, fin des listes fermées et suppression des cautions exorbitantes. Le peuple congolais devra-t-il enfin se saisir de son destin ou perpétuer ce cycle où « l’État devient la banque privée de quelques-uns » ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net