Une transformation majeure s’annonce dans la prise en charge des urgences médicales à Bunia. Médecins Sans Frontières (MSF) restructure en profondeur ses activités chirurgicales au centre hospitalier Salama à partir du 2 juin 2025. Cette réorganisation cruciale ciblera désormais les cas où la vie des patients est immédiatement en danger, notamment les victimes de violences armées en Ituri et les blessés graves d’accidents de la route.
Le Dr Roger, chef de projet MSF à Bunia, a clarifié cette réorientation lors d’un point de presse tenu ce 29 mai 2025 : “Pour les blessés physiques liés aux violences, nous maintenons la prise en charge intégrale. En revanche, concernant les accidents de la voie publique, seuls les cas où le pronostic vital est engagé seront admis à Salama.” Concrètement, cela signifie que MSF n’interviendra que lorsque le patient risque la mort à très court terme sans intervention immédiate.
Mais que deviendront les autres blessés ? Les patients dont la vie n’est pas directement menacée seront orientés vers le réseau sanitaire local : l’hôpital général de référence de Bunia, la clinique universitaire de l’UNIBU ou le centre médical évangélique de Nyankunde. Une décision justifiée par la lourdeur des soins, comme l’explique le Dr Roger : “La prise en charge de ces blessés absorbe des ressources considérables et mobilise notre équipe sur de longues périodes, au détriment des cas les plus critiques.”
Cette réorganisation chirurgie Salama répond à un impératif médical urgent. En Ituri, où les violences persistent, les équipes font face à un afflux continu de blessés par armes blanches ou à balle. Prioriser les urgences médicales Bunia dont le pronostic vital est compromis permettra de sauver davantage de vies avec les ressources disponibles. Imaginez un service de réanimation où chaque minute compte : concentrer les efforts sur les patients en extrême détresse devient une nécessité éthique.
Les critères admission MSF plus stricts s’inscrivent dans une stratégie globale d’optimisation. Depuis juin 2023, l’organisation a soutenu 15 zones de santé dans la région et financé les soins pour 2 788 patients. Elle a également renforcé les capacités des structures partenaires par des dons de matériel médical. Cette approche collaborative vise à créer un maillage sanitaire plus résilient, capable d’absorber les flux de patients selon leur degré d’urgence.
Quelles implications pour la population ? Les blessés violences Ituri bénéficieront d’une prise en charge accélérée dans les cas les plus graves. Pour les traumatismes routiers moins sévères, le recours aux formations sanitaires locales deviendra systématique. MSF rappelle que cette réorientation permettra in fine d’améliorer la qualité des soins pour tous. Une décision difficile mais nécessaire, comme souvent dans les contextes humanitaires où les besoins dépassent les moyens disponibles.
Cette restructuration soulève néanmoins des questions sur la capacité des structures alternatives à absorber le surplus de patients. MSF assure travailler en étroite coordination avec les autorités sanitaires pour garantir une transition fluide. L’organisation maintient parallèlement son soutien technique et matériel aux hôpitaux partenaires, consolidant ainsi l’ensemble du système de santé de la province.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd