Dans le village de Kasaza, territoire de Fizi au Sud-Kivu, l’air est encore lourd d’une odeur de mort. Deux semaines après les pluies diluviennes qui ont ravagé cette localité, les survivants errent parmi les décombres, cherchant désespérément des traces de leur vie d’avant. « Nous avons tout perdu : nos maisons, nos récoltes, même nos morts restent sous la boue », témoigne Mukendi, père de quatre enfants, les yeux rivés sur ce qui fut sa maison.
Le bilan est accablant : plus de 110 corps repêchés, 40 blessés et 850 sans-abri selon les dernières estimations. L’administrateur du territoire de Fizi alerte : « Ces familles n’ont plus ni toit, ni nourriture, ni accès aux soins ». Une situation qui interroge : pourquoi l’aide tarde-t-elle autant dans une région régulièrement frappée par des catastrophes naturelles ?
La visite récente du vice-ministre de l’Intérieur a révélé l’ampleur du désastre. Samy Kalonji Badibanga, présent sur place, décrit une scène cauchemardesque : « Certains cadavres gisaient encore à terre, l’odeur nauséabonde rappelait que le pire reste à venir ». Si des condoléances ont été présentées au nom du Chef de l’État, les habitants attendent davantage que des paroles.
Une lueur d’espoir cependant : une délégation gouvernementale annoncée dans les prochains jours, dirigée par la ministre des Affaires sociales, devrait acheminer vivres et biens de première nécessité. Mais suffira-t-elle à panser les plaies d’une population déjà vulnérable ?
Derrière cette catastrophe, c’est tout le défi de la gestion des risques en RDC qui resurgit. Le territoire de Fizi, comme beaucoup d’autres régions congolaises, manque cruellement d’infrastructures adaptées et de plans de prévention. Combien de drames faudra-t-il encore pour que des mesures structurelles soient enfin mises en place ?
Alors que la saison des pluies bat son plein, les survivants de Kasaza deviennent malgré eux le symbole d’une double tragédie : celle de la fatalité naturelle, et celle d’une réponse humanitaire trop souvent à la traîne. Leur résilience face à l’adversité force l’admiration, mais ne devrait pas servir d’excuse à l’inaction.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net