Au cœur des collines de Kele, à Tshikapa, un silence lourd pèse sur le rond-point 3Z. Les traces de pneus, les débris de verre et les taches de sang racontent l’indicible : mercredi 14 mai 2025, un camion de marque Taf Taf a transformé cette route en scène de chaos. « J’ai entendu un cri, puis un choc sourd. Quand je me suis approché, c’était l’enfer », murmure un témoin, encore sous le choc.
Selon les informations recueillies par nos confrères d’Actualité.cd, le véhicule, en provenance de Kamuesha, aurait perdu le contrôle à la descente du pont reliant Kele à Dibumba. Le convoyeur pointe du doigt une mauvaise utilisation du système de freinage par le chauffeur. Une erreur humaine qui a coûté la vie à sept personnes, dont cinq femmes et deux enfants. Leurs corps, évacués vers la morgue de Tshikapa, symbolisent une tragédie de plus sur les routes congolaises.
Le colonel de la police GMI présent sur les lieux n’a pas caché son émotion : « Nous devons urgemment revoir les normes de sécurité. Ces accidents à répétition ne sont pas une fatalité ! » Les blessés, transportés à l’hôpital général de référence de Tshikapa, luttent aujourd’hui pour leur survie. Parmi eux, des familles entières dont la vie a basculé en quelques secondes.
Mais au-delà du drame, des questions brûlent les lèvres. Pourquoi les contrôles techniques des poids lourds restent-ils si laxistes en RDC ? Comment expliquer que des chauffeurs soient formés à la va-vite, sans maîtriser les gestes élémentaires comme le freinage en pente ? Cet accident, comme tant d’autres, révèle une crise systémique du transport routier congolais.
Les autorités ont promis une enquête approfondie. Le chauffeur, déjà en garde à vue, devra répondre de ses actes. Pourtant, arrêter un homme suffira-t-il à réparer des années de négligence institutionnelle ? À Tshikapa comme ailleurs, les populations réclament des routes sécurisées, des véhicules contrôlés et des conducteurs formés. En attendant, le rond-point 3Z reste un cicatrice ouverte, rappel cruel que chaque virage peut devenir un piège mortel.
Alors que le gouvernement lance des campagnes de sensibilisation, sur le terrain, rien ne change. Les collisions mortelles en RDC tuent plus que certains conflits armés. Et si cette fois, la colère des familles de Kele obligeait enfin les décideurs à agir ? L’enjeu dépasse Tshikapa : il en va de la crédibilité d’un État incapable de protéger ses citoyens sur leurs propres routes.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd