Dans un contexte de tensions persistantes dans la région des Grands Lacs, les États-Unis intensifient leur médiation entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. Massad Boulos, Conseiller principal pour l’Afrique au Département d’État américain, a révélé jeudi 15 mai la transmission d’un projet d’accord de paix aux deux pays. Cette initiative s’inscrit dans une dynamique diplomatique visant à endiguer le conflit M23 qui ensanglante l’Est congolais depuis des années.
Les échanges constructifs entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame, évoqués par M. Boulos, laissent entrevoir une lueur d’espoir. « Résoudre des différends de longue date est un travail difficile, mais nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout », a-t-il affirmé sur X, soulignant l’engagement américain jusqu’à l’aboutissement du processus. Cette annonce fait suite à la soumission par les deux États de leurs contributions respectives pour un accord global, basé sur une Déclaration de principes signée à Washington le 25 avril.
Mais cet accord suffira-t-il à éteindre les braises d’un conflit aux racines profondes ? À l’Est de la RDC, le groupe rebelle M23 – soutenu selon l’ONU et Kinshasa par Kigali – contrôle toujours des zones stratégiques du Nord et Sud-Kivu. La région, riche en minerais critiques comme le cobalt et le coltan, reste paralysée par les violences de centaines de groupes armés, causant déplacements massifs et insécurité chronique.
En parallèle, un autre front se dessine : les négociations sur un partenariat USA-RDC concernant les ressources minières stratégiques. Ce deal, présenté comme un « gagnant-gagnant » par Washington, offrirait aux entreprises américaines un accès privilégié aux minerais essentiels à la transition énergétique mondiale. En contrepartie, les États-Unis promettraient une assistance sécuritaire pour neutraliser les milices – une proposition qui suscite autant d’espoirs que de scepticisme chez les observateurs locaux.
Plusieurs experts interrogés par Congo Quotidien soulignent l’interdépendance des deux dossiers. « Lier paix régionale et exploitation minière est une équation complexe », analyse un diplomate sous couvert d’anonymat. « Washington joue sur les deux tableaux : stabilisation politique et sécurisation d’approvisionnements critiques pour ses industries. » Une stratégie qui pourrait, si elle aboutit, redessiner les équilibres géoéconomiques de la région.
Reste que les défis sont immenses. La méfiance historique entre Kigali et Kinshasa, les rivalités autour des ressources naturelles et le rôle des acteurs régionaux non-alignés (comme la Chine, premier partenaire commercial de la RDC) constituent autant d’obstacles. La communauté internationale retiendra son souffle : les précédents accords de paix dans les Grands Lacs ont souvent échoué à instaurer une stabilité durable.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net