La consommation abusive de Tramadol, un analgésique opioïde, atteint des proportions alarmantes chez les jeunes de Mambasa, en Ituri. Des rapports inquiétants révèlent que des adolescents mélangent des comprimés à des boissons pour en potentialiser les effets euphorisants. Cette pratique improvisée expose cette génération à un risque sanitaire sans précédent dans cette région de la République Démocratique du Congo.
Un cocktail explosif dans les bouteilles de jus
« Certains jeunes écrasent jusqu’à cinq comprimés dans une seule boisson », alerte Mungeni Imurani, président des Forces vives de Mambasa. Cette méthode d’absorption accélère le passage du principe actif dans le sang, multipliant les dangers. Les conducteurs de taxi-moto, majoritairement concernés, utilisent ce mélange pour « tenir » pendant leurs longues journées de travail.
Le corps médical tire la sonnette d’alarme
Le Dr Yunga Abedi, médecin-chef de la zone de santé, compare les effets du Tramadol à « une bombe à retardement neurologique ». L’expert explique : « À fortes doses, ce médicament paralyse progressivement le système nerveux central. La dépression respiratoire qu’il provoque équivaut à un étouffement lent de l’organisme ».
Les services d’urgence locaux enregistrent une augmentation de 70% des cas d’intoxication aiguë depuis janvier 2023. Parmi les complications observées :
- Troubles cognitifs irréversibles
- Convulsions incontrôlables
- Comas pharmacologiques
Un commerce florissant aux portes des écoles
Malgré sa classification comme stupéfiant par l’OMS, le Tramadol s’achète librement dans 80% des pharmacies de Mambasa. Un comprimé se négocie à 500 francs congolais (0,20 USD), rendant cette drogue accessible même aux collégiens. « Les vendeurs contournent la réglementation en fractionnant les plaquettes », dénonce un responsable de l’inspection pharmaceutique.
Un plan d’urgence en gestation
Face à cette crise sanitaire, les autorités prévoient :
- Un renforcement des contrôles dans les officines
- Des campagnes de sensibilisation dans les écoles
- La création d’un centre de désintoxication local
Le Dr Abedi insiste : « Notre meilleure arme reste la prévention. Chaque famille doit vérifier les comportements à risque : pupilles contractées en permanence, somnolences diurnes ou changements brutaux d’humeur ».
Cette initiative interpelle : jusqu’où ira-t-on pour protéger la jeunesse congolaise face aux nouvelles formes de toxicomanie ? La réponse des pouvoirs publics déterminera l’avenir sanitaire de toute une région.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net