Les rebelles du M23 ont repris le contrôle des localités de Kishishe et Bambo, dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu), après de violents affrontements avec les combattants Wazalendo. Cette reconquête, intervenue le 14 mai 2025, marque un tournant inquiétant dans l’escalade sécuritaire qui frappe cette région stratégique de l’est de la République démocratique du Congo.
Une offensive éclair aux conséquences humanitaires dramatiques
Selon des sources locales, les combats ont contraint des milliers de civils à fuir leurs habitations. Les tirs d’armes lourdes et les pillages systématiques ont plongé la population dans une terreur inédite. À Bambo, plusieurs boutiques ont été saccagées, tandis que deux blessés ont été signalés à Kishishe. Malgré une accalmie relative observée le 16 mai, des tirs sporadiques continuent de retentir, alimentant la psychose.
Pourquoi le M23 revient-il sur ses anciens bastions ?
Les habitants attribuent cette résurgence à la montée en puissance des groupes armés locaux installés après le retrait initial des rebelles. « Les Wazalendo menaient des attaques quotidiennes contre les positions du M23 », explique un notable sous couvert d’anonymat. Une logique de revanche qui risque de dégénérer : les miliciens délogés se seraient retranchés à proximité, préparant une contre-offensive.
Un carrefour stratégique au cœur des enjeux régionaux
La zone reconquise contrôle des axes vitaux pour le transit des renforts rebelles entre Masisi et Rutshuru. Cette position clé explique l’intensification des combats dans le groupement de Tongo, où le M23 affronte également les FDLR dans la partie mozambicaine du parc des Virunga. Une extension du conflit qui inquiète les observateurs internationaux.
Quelles perspectives pour les populations civiles ?
Les organisations humanitaires redoutent un nouvel afflux de déplacés dans une région déjà exsangue. Les routes coupées et l’insécurité persistante compliquent l’acheminement de l’aide. Pendant ce temps, à Kinshasa, les appels à une intervention militaire renforcée se multiplient, tandis que la Monusco maintient une posture attentiste.
Cette reprise de Kishishe par le M23 soulève une question cruciale : assiste-t-on à un rééquilibrage des forces armées dans le Nord-Kivu, ou à l’amorce d’une nouvelle guerre ouverte ? La réponse se jouera dans les prochains jours, au rythme des kalachnikovs et des cris des civils pris en étau.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net