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Kalehe : Les déplacés de Lwabo entre calamité naturelle et guerre du M23 – Le CICR à la rescousse

« Nous avons tout perdu deux fois : d’abord sous la boue, ensuite sous les balles. » La voix tremblante, Sylvie Kahindo, mère de cinq enfants, résume le calvaire vécu par des milliers de déplacés de Lwabo, dans le territoire de Kalehe. Depuis mardi 13 mai, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) distribue vivres, couvertures et kits d’hygiène à ces familles coincées entre la guerre du M23 et les séquelles de la calamité naturelle de Bushushu. Une lueur d’espoir dans un paysage de désolation.

Les sacs de farine s’empilent devant l’école primaire de Lwabo, transformée en centre de distribution. Ici, chaque bénéficiaire a une histoire marquée par la fuite. Comme celle de Pascal Mitima, cultivateur de Nyamukubi : « Le 4 mai 2023, la rivière a débordé. En une nuit, mon champ est devenu un cimetière de pierres. » Un an plus tard, les survivants de cette catastrophe ont dû reprendre la route, fuyant l’avancée des combattants du M23 au Sud-Kivu. Combien de fois ont-ils replié leurs maigres affaires ? « Trois déplacements en dix mois », soupire une femme tenant fermement son ticket d’aide humanitaire.

Le CICR prévoit plusieurs jours de distribution, étendant progressivement ses opérations à Muhongoza et Nyabibwe. Mais cette aide urgente suffira-t-elle à panser les plaies d’une crise multidimensionnelle ? « Ces personnes cumulent les traumatismes », analyse un travailleur social sur place. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 60% des retournés à Lwabo vivent sous des abris provisoires érigés par la Fondation Denise Nyakeru. Des tôles ondulées qui transforment les cases en fournaises sous le soleil équatorial.

Derrière les sacs de riz s’esquisse un drame moins visible : celui des enfants non scolarisés, des femmes exposées aux violences dans les sites de déplacés, des terres agricoles perdues. « L’assistance alimentaire est vitale, mais qui reconstruira nos maisons ? Qui nous protégera des prochaines pluies ? », interroge un ancien de Bushushu. La réponse se trouve peut-être dans le regard de ces hommes qui, après chaque distribution, remontent vers les collines – non pour cultiver, mais pour guetter les bruits de la guerre.

Cette opération humanitaire au cœur du Sud-Kivu révèle une amère ironie : les retournés de Lwabo survivent aujourd’hui sur les lieux mêmes où ils avaient échappé à la catastrophe naturelle. Un cercle vicieux que résume un collaborateur du CICR : « Nous répondons à l’urgence, mais les solutions durables dépendent de la paix et du développement. » Entre les coups de pioche pour enterrer les morts de Bushushu et les échos lointains des combats, une question persiste : jusqu’à quand la résilience des Congolais suffira-t-elle à combler le vide laissé par des décennies de crises imbriquées ?

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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