Dans l’effervescence des Flammes 2025, la scène de La Seine Musicale a vibré d’une émotion rare. Alors que Tiakola triomphait avec quatre trophées, c’est un autre feu, plus intime, qui a consumé les cœurs : celui allumé par Corneille, dont la voix empreinte d’une vulnérabilité poignante a transformé la cérémonie en plaidoyer humaniste.
Une standing ovation pour Goma
Quand le chanteur rwandais naturalisé canadien s’est avancé, micro en main, un silence électrique a précédé l’orage. « À tous ceux qui souffrent dans l’est du Congo… » Sa voix, veloutée et tremblante, a dessiné dans l’air une mélodie humaniste. Les projecteurs semblaient hésiter entre éclairer l’artiste et caresser les larmes discrètes d’un public subjugué.
Son évocation de Goma, ville-refuge après le génocide rwandais, a réveillé les mémoires. « Ils m’ont tendu la main quand le monde s’effondrait », a-t-il murmuré, chaque mot ciselé comme une stèle. La salle retenait son souffle : et si cette scène parisienne devenait le mégaphone des sans-voix de l’Est congolais ?
Du Zaïre à Paris : l’odyssée d’un survivant
L’histoire de Corneille résonne comme un roman douloureux. En 1994, le jeune Rwandais échappe miraculeusement au massacre familial. Le Congo – alors Zaïre – lui offre son premier havre. À Goma, entre les collines volcaniques et les regards bienveillants, l’adolescent meurtri recompose son identité.
« Ces souffrances qui nous lient transcendent les frontières », a-t-il clamé, transformant son témoignage personnel en manifeste panafricain. Les artistes présents, de Shay à Keblack, hochaient la tête en rythme – une chorégraphie silencieuse d’adhésion.
L’art contre les kalachnikovs
Face aux « pouvoirs qui instrumentalisent nos douleurs », Corneille oppose une arme inattendue : la création artistique. « Notre talent à nous, c’est l’amour », a-t-il lancé, ses mains dessinant dans l’air une caresse métaphorique. Dans ce discours où chaque pause devenait symphonie, le musicien a tissé un pont entre Paris et le Kivu.
Et si la vraie récompense de cette nuit n’était pas les trophées scintillants, mais cette minute où un artiste a fait trembler les certitudes ? Quand Franglish et Kery James avaient évoqué plus tôt la solidarité avec la RDC, personne ne soupçonnait l’intensité de la suite…
Les larmes du phénix
En conclusion, Corneille a offert sa propre réponse aux cris d’alarme de l’Est congolais : « Résister avec amour ». Une formule qui résonne comme le refrain d’un hymne à venir. Dans les coulisses, des producteurs chuchotaient déjà : et si les artistes africains unissaient leurs studios pour cette cause ?
Ce soir-là, Les Flammes 2025 ont illuminé bien plus qu’un palmarès. Elles ont révélé comment une scène musicale peut devenir chambre d’échos des gémissements d’un continent. Quand Corneille a quitté la scène sous une pluie d’applaudissements, un spectateur a résumé l’émotion générale : « Voilà ce qui manquait à nos award shows – de l’âme ! »
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Eventsrdc