Trois jours de pluies torrentielles ont transformé le territoire de Kalehe en un champ de désolation. Entre vendredi et dimanche 11 mai, des trombes d’eau se sont abattues sur le village Bubale 2, provoquant éboulements et inondations dévastatrices. Un bilan glaçant : 11 maisons englouties, 51 habitations endommagées, des écoles et églises fissurées par la furie des éléments. La terre gorgée d’eau a emporté récoltes et espoirs, laissant derrière elle des familles hagardes face à l’inimaginable.
« Des centaines de personnes dorment à ciel ouvert, exposées aux maladies et aux nouvelles intempéries », alerte Delphin Birimbi, voix tremblante de la société civile locale. Les images qui remontent de la zone dépeignent un paysage apocalyptique : toits arrachés, champs ravagés, routes devenues rivières boueuses. Les cultures de manioc et de haricot – filet de sécurité alimentaire de la région – ont disparu sous les glissements de terrain.
Comment en est-on arrivé là ? Les experts pointent une conjonction mortelle : déforestation massive des collines pour le charbon de bois, urbanisation anarchique et infrastructures hydrauliques défaillantes. Chaque saison des pluies transforme désormais le Sud-Kivu en bombe à retardement écologique. Les sols dénudés, privés de leurs racines stabilisatrices, cèdent au premier assaut des précipitations.
Cette catastrophe à Kalehe n’est pourtant pas une surprise. Elle s’inscrit dans une série noire : en 2023, des inondations similaires avaient déjà fait 400 morts dans la même région. Un macabre refrain qui interroge l’absence de mesures préventives. Les habitants dénoncent l’oubli des autorités : « Nous alertons depuis des mois sur l’érosion galopante, personne n’a débloqué de fonds pour les travaux urgents », regrette un responsable communautaire sous couvert d’anonymat.
Les conséquences dépassent le drame humain immédiat. La destruction des récoltes menace la sécurité alimentaire de toute la sous-région. Kalehe, grenier agricole du Sud-Kivu, pourrait basculer dans la dépendance à l’aide humanitaire. Pire : les cours d’eau encombrés de débris risquent de provoquer de nouvelles crues lors des prochaines averses.
Face à l’urgence, la société civile lance un cri d’alarme au gouvernement central et aux ONG internationales. Il faut évacuer les familles coincées dans les zones à risque, distribuer des kits de survie, reconstruire les digues éventrées. Mais surtout, initier un vaste plan de reboisement et d’aménagement du territoire. Car chaque minute perdue creuse le lit des prochaines catastrophes.
Combien de vies faudra-t-il encore sacrifier avant que les leçons des précédentes inondations ne soient appliquées ? La nature, lasse d’être ignorée, rappelle violemment ses lois. À Kalehe comme ailleurs en RDC, l’heure n’est plus aux constats désolés mais à l’action concertée. Avant que la prochaine pluie ne se transforme en nouveau déluge.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: mediacongo.net