La RDC ouvre 52 nouveaux blocs pétroliers : enjeux économiques et écologiques sous tension
Le bassin sédimentaire de la cuvette centrale, longtemps considéré comme un réservoir stratégique pour l’économie congolaise, vient de connaître un tournant décisif. Lors de la 42e réunion du Conseil des ministres du 3 mai 2025, le ministre des Hydrocarbures, Aimé Molendo Sakombi, a annoncé le découpage intégral de cette zone en 52 nouveaux blocs pétroliers, s’ajoutant aux trois déjà attribués à la société COMICO (Mbandaka, Lokoro et Busira). Une décision qui porte à 55 le nombre total de concessions ouvertes à l’exploration, dans un contexte où le gouvernement cherche à relancer un secteur en léthargie.
Un cadastre pétrolier redessiné sous contraintes techniques… et environnementales
Selon le compte rendu officiel, ce découpage a été réalisé en collaboration avec le ministère de l’Environnement et Développement durable, répondant ainsi aux critiques récurrentes des ONG et de la société civile. « Les limites des aires protégées ont été strictement respectées grâce à un contrôle renforcé des données techniques », a souligné le ministre. Une précision cruciale alors que près de 30% des blocs initialement proposés en 2022 empiétaient sur des zones écologiques sensibles, selon un rapport de Rainforest Foundation.
Relance sectorielle : entre opportunités économiques et défis opérationnels
Cette annonce s’inscrit dans la continuité du projet de décret adopté lors de la 39e réunion du Conseil des ministres, visant à restructurer le régime d’attribution des droits pétroliers à la SONAHYDROC. Le gouvernement mise sur une augmentation de 40% des investissements étrangers dans le secteur d’ici 2026, selon les projections du FMI. Pourtant, l’ombre du précédent échec plane : l’annulation en octobre 2024 de l’appel d’offres sur 27 blocs, miné par des irrégularités (candidatures incomplètes, délais non respectés).
Un équilibre fragile entre exploitation et préservation
Avec une superficie totale de 245 000 km² concernée – équivalente à 10% du territoire national –, l’enjeu écologique reste majeur. Le bassin de la cuvette centrale abrite 60% des tourbières du Congo, puits de carbone essentiels pour la régulation climatique mondiale. Le ministre rassure : « Les nouvelles normes intègrent un mécanisme de compensation carbone obligatoire ». Mais les experts s’interrogent : comment concilier extraction pétrolière et Accord de Paris ratifié par la RDC ?
Perspectives : vers une nouvelle donne énergétique régionale ?
Si les réserves estimées (3 milliards de barils) se confirment, la RDC pourrait grimper au 4e rang des producteurs africains. Mais à quel prix ? Les clauses de contenu local prévues dans le nouveau code des hydrocarbures – 25% d’emplois nationaux dans les projets – restent à tester. Alors que les premiers forages exploratoires sont attendus dès 2026, la balle est désormais dans le camp des investisseurs… et des citoyens congolais en quête de retombées tangibles.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd