Une scène de violence populaire a secoué la commune de Kadutu à Bukavu ce vendredi 2 mai. Deux présumés bandits armés ont perdu la vie sous les coups d’une foule en colère lors d’une tentative de vol à main armée. Un troisième a miraculeusement survécu avant d’être transféré aux services de sécurité.
L’événement s’est déroulé vers 16h à la place communément appelée « ancienne coopérative ». Selon des sources locales, un groupe de quatre individus lourdement armés aurait forcé l’entrée d’un commerce. Leur intervention a tourné court face à la réaction spontanée des riverains.
« La population les a encerclés avant qu’ils ne puissent s’enfuir », relate un témoin sous couvert d’anonymat. Les images circulant sur les réseaux sociaux montrent une foule compacte brandissant des outils agricoles et des pierres. Les forces de l’ordre sont arrivées après le déchaînement de violence.
Contacté par nos soins, Samuel Kazimire, bourgmestre de Kadutu, confirme les faits : « Trois suspects ont été neutralisés sur place. Malheureusement, deux sont décédés des suites du lynchage ». L’élu local précise qu’une opération de traque est en cours pour retrouver le quatrième complice présumé.
Ce drame relance le débat sur l’efficacité des dispositifs sécuritaires dans cette zone de Bukavu. Le maire dénonce « un acte barbare » tout en appelant à « la retenue et la collaboration avec les autorités ». Une position équilibrée qui peine à masquer la défiance croissante entre citoyens et institutions.
Les commerçants du secteur restent sous le choc. « Depuis trois mois, c’est la cinquième attaque dans notre quartier », déplore un gérant de shop. Les méthodes d’autodéfense communautaire gagnent du terrain face à la recrudescence des crimes armés. Jusqu’où ira la colère populaire face à l’inaction des autorités ?
Les services de sécurité ont ouvert une enquête pour identifier le réseau criminel. Les corps des deux victimes du lynchage ont été transférés à la morgue de l’hôpital général de Bukavu. Le survivant, gravement blessé, subit actuellement des interrogatoires.
Cette affaire illustre les défis sécuritaires persistants dans le Sud-Kivu. Entre multiplication des groupes armés et méfiance envers les forces de l’ordre, les civils se retrouvent souvent en première ligne. Un cocktail explosif qui transforme régulièrement des scènes de délits banals en bains de sang.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd