Kananga, épicentre économique du Kasaï-Central, vit depuis le 2 mai une transformation infrastructurelle majeure. La SAFRIMEX a engagé des travaux d’asphaltage sur l’avenue Luluwa, colonne vertébrale reliant Notre-Dame à l’aéroport régional. Ce chantier, intégré dans un projet global de modernisation de 11 kilomètres de voirie urbaine, cristallise autant d’espoirs que de défis logistiques immédiats.
La première phase bloque la circulation entre la station Elf et l’Hygiène publique, contraignant les usagers à emprunter les avenues Macar et du Commerce. Ces axes de déviation, réhabilités en urgence sur instruction du gouverneur Joseph-Moise Kambulu, subissent déjà une pression accrue. « Cette route est essentielle », martèlent des habitants interrogés, soulignant l’urgence d’une infrastructure adaptée au trafic croissant de cette artère emblématique.
Paulin Mukendi, directeur technique de la SAFRIMEX, détaille une feuille de route exigeante : assainissement des caniveaux, scarification – technique de rabotage de la chaussée – puis pose d’enrobé. Un calendrier serré pour un projet estimé à plusieurs millions de dollars, financé par des partenaires non dévoilés. Mais comment concilier rapidité d’exécution et qualité pérenne dans un contexte urbain aussi contraint ?
L’impact économique se dessine en filigrane. Selon une étude de la Banque centrale congolaise, 38% des échanges commerciaux du Kasaï-Central transitent par cette zone. Une modernisation réussie pourrait doper le PIB provincial de 2 à 3 points selon des experts consultés. À l’inverse, des retards provoqueraient un engorgement coûtant près de 500 000 $ quotidiennement aux transporteurs.
Les défis techniques ne masquent pas les enjeux politiques. Le gouverneur Kambulu, présent au lancement des travaux, y voit un levier pour désenclaver la région. « Ce chantier s’inscrit dans notre stratégie de connectivité multimodale aéroport-ville », a-t-il déclaré, évoquant un futur hub logistique. Une vision qui résonne avec le Plan National Stratégique de Développement 2023-2027, priorisant les infrastructures de transport.
Reste la question environnementale. La SAFRIMEX promet un chantier « écoresponsable » avec recyclage de 70% des gravats. Un engagement crucial dans une ville où la pollution particulaire dépasse déjà six fois les normes OMS. La prochaine étape ? L’installation d’un système de drainage innovant pour contrer les inondations saisonnières, fléau récurrent selon les données de la Direction provinciale de l’environnement.
Si les premiers engins de chantier ont marqué le départ d’une métamorphose attendue, le véritable test résidera dans l’articulation entre calendrier opérationnel, rigueur technique et impact socio-économique. Un équilibre délicat qui déterminera si l’avenue Luluwa deviendra le symbole d’une nouvelle ère infrastructurelle… ou un cas d’école des complexités urbaines congolaises.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net