Dans un développement marquant pour le secteur des télécommunications en République Démocratique du Congo, l’ARPTC a officialisé ce week-end l’octroi d’une licence complète à Starlink DRC S.A. Ce feu vert réglementaire permet à la filiale locale du géant américain d’Elon Musk de déployer officiellement ses services internet satellitaires sur l’ensemble du territoire national, mettant fin à plusieurs mois d’incertitude juridique.
Une validation sous condition
Le régulateur congolais précise que cette autorisation intervient après “la régularisation complète du dossier administratif” par l’opérateur. Une formulation qui résonne comme un aveu implicite des pressions exercées ces derniers mois sur les utilisateurs clandestins du service, particuliers comme entreprises. Rappelons qu’en mars 2024, l’ARPTC avait publiquement dénoncé des activations illégales de terminaux Starlink sur le sol congolais.
Un contexte géostratégique sensible
Ce revirement administratif s’inscrit dans une dynamique diplomatique plus large entre Kinshasa et Washington. Alors que les deux pays renforcent leur coopération sur divers dossiers stratégiques, l’implantation de Starlink pourrait constituer un maillon clé dans la modernisation des infrastructures numériques congolaises. Avec ses 6 750 satellites opérationnels, le réseau de SpaceX promet une couverture internet haut débit même dans les zones les plus reculées du pays.
Révolution ou concurrence déloyale ?
Si les opérateurs locaux saluent théoriquement l’arrivée de nouvelles technologies, des inquiétudes persistent quant à l’équilibre du marché. Le modèle satellitaire de Starlink, bien que coûteux à l’installation, menace directement les fournisseurs traditionnels par sa capacité à contourner les infrastructures terrestres. Qu’adviendra-t-il des investissements dans la fibre optique si une alternative spatiale devient majoritaire ?
Enjeux socio-économiques
Le déploiement de Starlink soulève des espoirs considérables pour l’inclusion numérique. Près de 70% des zones rurales congolaises souffrent aujourd’hui d’un déficit criant en connectivité. Mais le modèle économique du service – avec des kits d’installation à 600$ et un abonnement mensuel de 50$ – interroge sur sa réelle accessibilité pour la population majoritairement précaire.
Sécurité nationale : un débat en suspens
Les experts en cybersécurité pointent également les risques liés au contrôle des flux de données par une entreprise étrangère. Dans un pays en proie à l’insécurité dans l’Est, la gestion des données de localisation des terminaux satellitaires pourrait devenir un sujet sensible. L’ARPTC assure avoir négocié des “garanties contractuelles” sur ces aspects, sans en dévoiler le contenu exact.
Alors que Starlink annonce un démarrage imminent de ses services, tous les regards se tournent vers Kinshasa. Cette licence marque-t-elle le début d’une nouvelle ère numérique pour la RDC, ou simplement l’entrée forcée dans une bataille géopolitique des infrastructures ? La réponse se jouera autant dans les villages éloignés que dans les salons feutrés de la capitale.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd