Alors que l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) continue de brûler sous les flammes des conflits armés, une cascade d’initiatives diplomatiques tente désespérément d’éteindre l’incendie. La dernière en date ? Une déclaration de principes signée entre Kinshasa et Kigali sous l’œil vigilant des États-Unis. Mais dans cette multiplication d’initiatives, où se trouve le fil conducteur ?
Washington entre en scène, Doha maintient la pression
En présence du secrétaire d’État américain Marco Rubio, les ministres des Affaires étrangères congolais et rwandais ont paraphé un accord visant à « promouvoir la paix et le développement économique dans la région des Grands Lacs ». Une avancée symbolique saluée par les chancelleries, mais qui contraste avec les réalités du terrain. Pendant ce temps, au Qatar, des délégués du gouvernement congolais et de l’AFC/M23 poursuivent des pourparlers secrets sous médiation qatarienne. Leur objectif affiché : « œuvrer à la conclusion d’une trêve ».
Nairobi, Luanda : les processus en parallèle
Le Processus de Nairobi, lancé en 2021 sous l’égide de la Communauté d’Afrique de l’Est, mise sur une double approche : dialogue politique inclusif et force militaire régionale. À l’opposé, le Processus de Luanda exige du M23 un retrait immédiat des zones occupées et la fin de tout soutien extérieur. Des feuilles de route ambitieuses qui butent sur une question cruciale : comment concilier calendriers politiques et urgences sécuritaires ?
L’Église congolaise joue sa partition
Dans ce concert diplomatique, la voix des religieux résonne avec insistance. Le « Pacte social pour la paix » porté par la CENCO et l’ECC tente d’imposer une troisième voie : un dialogue national incluant jusqu’aux rebelles du M23. Après avoir rencontré Corneille Nangaa, coordinateur de l’AFC/M23, les évêques plaident pour l’ouverture de couloirs humanitaires. Une approche qui divise autant qu’elle interroge : jusqu’où dialoguer avec des groupes armés ?
Le casse-tête des superpuissances
Derrière ces initiatives se dessine une bataille d’influence géopolitique. Les États-Unis, le Qatar, les pays africains… Chaque médiateur apporte sa grille de lecture du conflit. Washington mise sur le développement économique comme rempart à la violence, Doha privilégie les canaux discrets, tandis que les processus régionaux africains tentent de reprendre la main. Résultat : une coordination déficiente qui risque de diluer les efforts.
Alors que des millions de déplacés attendent un retour à la normale, une question brûle les lèvres : ces signatures successives marquent-elles un tournant décisif ou ne sont-elles que l’écume médiatique d’un conflit sans fin ? La réponse se jouera dans les prochaines semaines, au cœur des forêts du Kivu où les armes n’ont toujours pas rendu leur dernier verdict.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd