Dans la nuit du 30 avril, le quartier Ndosho à Goma a été le théâtre d’une violence inédite. Un homme a été froidement abattu par des assaillants non identifiés à la lisière entre le territoire de Nyiragongo et la commune de Karisimbi. Les motifs de ce meurtre restent obscurs, mais des sources proches de l’enquête évoquent un possible règlement de comptes.
La tension a atteint son paroxysme vers 2h du matin. Une tentative de vol dans une maison de l’avenue La Carrière a déclenché une réaction en chaîne. « Les habitants ont transformé la rue en tribunal populaire », confie un témoin sous couvert d’anonymat. Six individus armés ont été pris en chasse par une foule en colère. Trois d’entre eux ont été brûlés vifs près de l’école primaire Ndosho, un sort similaire attendant un quatrième fuyard rattrapé quelques rues plus loin.
À quelques kilomètres de là, dans le quartier Kyeshero, une autre scène insensée se jouait. Des résidents de l’avenue Ruzuba ont repoussé une intrusion armée grâce à une mobilisation express. « Ça ressemble à une guerre des rues », s’alarme une habitatrice, jointe par téléphone.
Ces événements s’inscrivent dans une spirale infernale : cinq morts par justice expéditive en moins d’une semaine. Un chiffre qui interroge sur l’efficacité des dispositifs sécuritaires. La récente évasion de la prison de Munzenze en janvier dernier, suivie de près par l’avancée des rebelles du M23, plane comme une ombre sur ces drames.
Les questions fusent : jusqu’où ira cette escalade de la violence ? Comment expliquer la recrudescence des crimes en pleine zone urbaine ? Les autorités locales restent muettes, tandis que les organisations de défense des droits humains dénoncent un climat de « loi de la jungle ».
En attendant, les habitants de Ndosho et Kyeshero vivent au rythme des patrouilles improvisées. Certains brandissent des machettes, d’autres scrutent les allées sombres. La psychose gagne du terrain, transformant chaque ombre en menace potentielle. Goma, ville déjà éprouvée par des décennies de conflits, retient son souffle face à cette nouvelle vague d’instabilité.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
