Dans un paysage musical congolais où les questions de droits d’auteur suscitent souvent des débats passionnés, l’histoire de René Soso Pembe apporte une mélodie harmonieuse à cette partition parfois dissonante. Affilié à la SACEM grâce au parrainage de Fally Ipupa, l’artiste aux racines anamongo incarne une réussite aussi rare qu’exemplaire dans l’écosystème des créateurs africains.
Qui aurait cru qu’un titre folklorique revisité, « 207 », deviendrait le sésame d’une équité financière en milieu artistique ? Cette collaboration entre le jeune prodige et le géant de la rumba congolaise pulse comme un mantra moderne, mariant héritage ancestral et mécanismes institutionnels. Les guitares acoustiques dialoguent avec les beats électroniques, créant une symbiose qui transcende les générations.
« Fally m’a tendu la main comme un frère aîné le ferait pour son cadet », confie René Soso, sa voix trahissant une émotion contenue. Le système de répartition égalitaire (50/50) appliqué à « 207 » fonctionne tel un balancier parfait – chaque stream sur Spotify, chaque vue YouTube alimentant équitablement les deux créateurs. Neuf mois après son lancement, le titre cumule plus d’un million d’écoutes sur la plateforme suédoise et 17 millions de vues sur YouTube, chiffres qui sonnent comme une standing ovation numérique.
Mais derrière ces statistiques impressionnantes se cache une révolution plus subtile : la formalisation des droits via la SACEM. « Il m’a accompagné pour ouvrir mon compte bancaire en France », précise l’artiste, dépeignant un Fally Ipupa en mentor méticuleux. Un processus administratif souvent perçu comme aride devient ici le terreau fertile où germe la reconnaissance artistique.
L’œuvre elle-même, adaptation de « Tia Mopepe », ancestral cri anamongo, se métamorphose sous les arrangements de Fally Ipupa en un hybride électrisant. Les percussions traditionnelles épousent les nappes synthétiques, tandis que la voix chaude de René Soso ondule entre complaintes nostalgiques et flow urbain. Cette alchimie musicale explique peut-être son succès viral : chaque écoute devient un voyage entre les rives du Congo profond et les studios parisiens.
Dans un secteur où les jeunes talents peinent parfois à percevoir le fruit de leur créativité, ce partenariat fait figure de modèle. Et si la clé résidait dans ce mélange de confiance intergénérationnelle et de rigueur administrative ? Le résultat parle de lui-même : des royalties transparentes, une visibilité accrue, et surtout – cette denrée si précieuse – le respect mutuel entre artistes.
Aux détracteurs qui jugent le système de droits d’auteur inadapté au contexte africain, René Soso répond par les faits. Son compte bancaire crédité régulièrement, ses créations protégées, sa carrière propulsée : autant de notes justes dans une partition souvent faussée. Et quand on l’interroge sur le secret de cette réussite, l’artiste esquisit un sourire : « La musique est un arbre : ses racines doivent puiser dans la tradition, mais ses fruits appartiennent à ceux qui les cultivent avec droiture. »
Alors que les premières gouttes de la saison des pluies s’écrasent sur Kinshasa, « 207 » continue de résonner dans les maquis et les salons. Plus qu’un tube éphémère, ce titre incarne désormais une possibilité : celle d’une industrie musicale congolaise où talent rime avec équité. Et si cette collaboration n’était que le premier accord d’une symphonie plus ambitieuse ?
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Eventsrdc
