La léthargie qui frappe l’Assemblée nationale de la République Démocratique du Congo (RDC) interroge sur le fonctionnement des institutions démocratiques en période de crise. Depuis l’ouverture de la session ordinaire de mars, seulement trois plénières ont été tenues, un chiffre qui contraste singulièrement avec l’activité parlementaire attendue dans un contexte d’état de siège.
Le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, a pointé du doigt le manque de fonds de fonctionnement comme cause principale de cette paralysie institutionnelle. « Nous sommes fatigués de devoir nous débrouiller avec les moyens qui nous reviennent individuellement », a-t-il déclaré, révélant une situation où les députés doivent même acheter leur propre papier. Cette révélation soulève des questions fondamentales sur l’autonomie financière du Parlement congolais et son indépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif.
Un fonctionnaire anonyme de l’Assemblée nationale a confié à Radio Okapi que l’institution ne respecte plus ses obligations constitutionnelles depuis la chute de Goma et Bukavu. L’article 144 de la Constitution stipule pourtant que le Parlement doit siéger de plein droit en période d’état d’urgence. Ce dysfonctionnement institutionnel intervient alors que le budget 2025 montre une réduction de 14% des fonds alloués à l’Assemblée nationale, tandis que la présidence de la République voit ses dépenses de fonctionnement augmenter de plus de 40%.
Les sources au ministère des Finances affirment que cette réduction budgétaire de 30% a été ordonnée directement par le président de la République. Cette décision unilatérale pose la question de l’équilibre des pouvoirs en RDC et de la capacité du Parlement à exercer son rôle de contre-pouvoir. La convocation d’une quatrième plénière ce jeudi 17 avril, limitée à l’examen de la prorogation de l’état de siège, ne semble pas présager d’une reprise normale des activités parlementaires.
Cette situation révèle une tension croissante entre les différentes institutions de l’État congolais. Alors que le pays fait face à des défis sécurités majeurs dans l’Est, le fonctionnement démocratique semble se fragiliser à Kinshasa. La réduction des moyens alloués au Parlement pourrait-elle être interprétée comme une volonté de marginaliser cette institution ? La réponse à cette question rhétorique pourrait bien déterminer l’avenir du processus démocratique en RDC.
Entre crise budgétaire et crise institutionnelle, l’Assemblée nationale de la RDC traverse une période critique. Les prochaines semaines diront si cette institution parviendra à retrouver son rôle central dans la gouvernance du pays, ou si elle continuera à subir les effets d’un déséquilibre croissant des pouvoirs. Dans un contexte où les défis sécuritaires et économiques s’accumulent, le fonctionnement normal des institutions démocratiques apparaît pourtant comme une nécessité absolue.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net