De violents affrontements ont éclaté ce mardi 30 décembre 2025 dans la localité de Nzanganano, près de Minjenje, dans la zone de Mpety. Ces combats Nord-Kivu ont opposé les rebelles de l’AFC/M23 aux miliciens wazalendo, plongeant la région frontalière entre les territoires de Masisi et de Walikale dans un état d’urgence sécuritaire. Les habitants, réveillés par le bruit des armes lourdes et légères, ont fui en masse vers la brousse, dans un mouvement de panique généralisée.
Selon des sources locales, les wazalendo ont lancé une attaque surprise aux alentours de 10 heures. Cette incursion a provoqué une riposte immédiate et féroce des combattants M23 positionnés dans le village. Les échanges de tirs intenses se sont poursuivis pendant plusieurs heures, créant un climat de psychose dans les villages environnants. La sécurité Mpety et ses alentours s’est ainsi brutalement dégradée, transformant une matinée ordinaire en cauchemar pour les civils pris au piège.
Le bilan humain, encore provisoire, fait état de plusieurs blessés parmi la population civile. Le nombre exact n’a pas pu être établi dans l’immédiat, en raison de la difficulté d’accès et du chaos régnant. Des familles entières ont abandonné leurs foyers, emportant le strict minimum. Les routes et sentiers menant à Nzanganano sont aujourd’hui jonchés de signes de cette fuite éperdue : effets personnels, sacs abandonnés, traces de pas pressés. Où peuvent-ils trouver refuge durablement, alors que la violence semble être devenue l’ordinaire de cette région ?
Ce mercredi matin, le calme précaire est revenu, mais la tension demeure palpable. Le village de Nzanganano, situé dans le groupement Bashali Mokoto de la chefferie de Bashali, reste sous le contrôle des rebelles de l’AFC/M23. Les groupes de wazalendo, quant à eux, se seraient retirés de la zone après les affrontements M23. Cette situation de statu quo armé n’offre guère de répit aux habitants, qui redoutent une reprise des hostilités à tout moment. La peur d’une nouvelle attaque les empêche de regagner leurs maisons, les condamnant à une vie d’errance dans des conditions extrêmement précaires.
Les événements de Nzanganano s’inscrivent dans un contexte sécuritaire plus large, marqué par une escalade continue dans cette partie du Nord-Kivu. Depuis plusieurs mois, la zone autour de Mpety est le théâtre d’engagements récurrents entre les forces rebelles et les troupes gouvernementales, appuyées par les milices d’autodéfense locales. L’objectif avéré des combattants M23 reste la progression vers la localité stratégique de Pinga, une avancée systématiquement contrecarrée par la résistance de l’armée congolaise et des wazalendo depuis plus d’une année.
Ce conflit Masisi Walikale cristallise les fragilités chroniques de l’est de la République Démocratique du Congo. La multiplication des acteurs armés, la porosité des frontières et la complexité des motivations – allant du contrôle des ressources à des revendications politico-ethniques – alimentent un cycle de violence apparemment sans fin. La population civile, elle, paie le prix fort de cette instabilité, subissant déplacements, pertes matérielles et traumatismes profonds. Jusqu’où cette spirale destructrice peut-elle encore aller avant qu’une solution durable ne soit trouvée ?
L’épisode des combats à Nzanganano souligne, une fois de plus, l’urgence humanitaire dans la région. Les besoins en abris, nourriture, eau potable et soins médicaux sont criants pour les personnes déplacées. Les organisations humanitaires peinent souvent à accéder à ces zones en raison de l’insécurité, laissant des communautés entières livrées à elles-mêmes. La sécurité est la condition sine qua non pour toute intervention d’envergure visant à soulager les souffrances des populations.
Alors que la journée de mercredi se poursuit, l’incertitude règne sur l’évolution de la situation à Nzanganano et dans les villages voisins. Les autorités locales et provinciales sont appelées à se prononcer sur ces événements et à prendre des mesures pour protéger les civils. La communauté internationale, observatrice de longue date de la crise à l’est de la RDC, suit également ces développements avec attention. La récurrence de ces affrontements sanglants pose une question fondamentale : le scénario de Nzanganano est-il la triste répétition d’un passé douloureux, ou le prélude à une nouvelle phase de confrontation généralisée dans la région de Mpety et au-delà ? Seul l’avenir immédiat pourra le dire.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
