Une annonce capitale a été faite par le haut commandement militaire congolais. Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) affirment avoir repris le contrôle total des localités stratégiques de Makobola 1 et Makobola 2. Cette avancée significative, située dans le territoire de Fizi au Sud-Kivu, marque un tournant dans les récents épisodes de violences qui ensanglantent la région.
L’information a été officialisée par le porte-parole des FARDC, le général-major Sylvain Ekenge, lors d’une intervention à la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC). Dans une déclaration directe, l’officier supérieur a confirmé que l’étendard national flottait de nouveau sur ces agglomérations. Cependant, la victoire reste partielle et précaire. En effet, les combats entre les FARDC et les rebelles de l’AFC/M23 se poursuivent avec une intensité soutenue à seulement sept kilomètres de la cité d’Uvira, selon les déclarations militaires.
« Makobola est aujourd’hui sous contrôle total. C’est-à-dire que Makobola 1 et Makobola 2 sont désormais sous le contrôle des Forces armées de la RDC. Les combats sont concentrés dans les localités de Katongo et Kabimba, à plus ou moins 7 kilomètres d’Uvira », a précisé le général-major Ekenge. Cette proximité des affrontements avec un centre urbain majeur du Sud-Kivu soulève d’importantes questions sur la sécurité à Uvira et la protection des civils. La population de cette cité vit-elle avec la menace constante d’une extension des combats ? La réponse des autorités militaires semble indiquer une vigilance extrême.
Au-delà du simple bilan tactique, l’intervention du porte-parole a pris une tournure inhabituelle, se transformant en un vibrant appel à la prise de conscience nationale. Le général Ekenge a vivement critiqué ce qu’il perçoit comme une distraction face à la gravité de la situation à l’Est. « Nous sommes distraits par des histoires invraisemblables, surtout nous qui sommes ici à Kinshasa », a-t-il lancé, pointant un possible décalage entre la réalité du front et les préoccupations dans la capitale. Son message est clair : la défense du territoire est l’affaire de tous. Il a rappelé avec force que la RDC n’a qu’un seul pays à protéger et que la meilleure manière d’y contribuer est que chaque citoyen participe, à sa manière, à l’effort de sécurité nationale. Cet appel résonne comme un constat d’urgence face à une guerre qui, pour beaucoup, semble lointaine.
Pendant ce temps, sur le terrain dans le territoire de Fizi, la situation reste extrêmement tendue et confuse. Si l’armée célèbre la reprise de Makobola, des sources locales sur place apportent un éclairage plus nuancé, voir contradictoire. Ces sources indiquent que les rebelles du M23 contrôleraient toujours fermement la ville d’Uvira, et ce, jusqu’à la localité de Kinongo. Ce décalage entre la communication officielle de l’armée et les témoignages des habitants interroge. Qui contrôle réellement quoi dans ce secteur du Sud-Kivu ? La reprise de Makobola constitue-t-elle une victoire décisive ou un répit temporaire dans une guerre d’usure ? La réponse se joue actuellement dans les collines de Katongo et Kabimba, où l’écho des armes lourdes retentit.
La reprise de ces positions par les FARDC représente sans conteste un succès opérationnel dans la lutte contre les groupes armés actifs dans l’Est. Elle démontre une capacité de réaction et de projection des forces gouvernementales dans le territoire de Fizi. Toutefois, la persistance de combats aussi rapprochés d’une ville comme Uvira jette une ombre sur ce succès. La sécurité Uvira et de ses environs demeure une préoccupation majeure, d’autant que les rebelles de l’AFC M23 ont montré par le passé leur capacité de résistance et de manœuvre. La population civile, prise en étau entre les lignes de front, paie le plus lourd tribut, vivant dans la peur et l’incertitude permanente.
Alors que les déclarations se succèdent, une enquête approfondie est nécessaire pour établir une cartographie claire et vérifiée du contrôle territorial dans cette zone du Sud-Kivu. Les prochaines heures et les prochains jours seront déterminants. Permettront-ils aux FARDC de consolider leur avantage et de repousser définitivement la menace qui pèse sur Uvira ? Ou assistera-t-on à un nouveau rebondissement dans ce conflit complexe qui oppose l’armée congolaise aux rebelles ? Pour l’instant, la priorité absolue reste la protection des vies et la stabilisation d’une région meurtrie par des décennies de violence. La route vers une paix durable dans l’Est de la RDC est encore longue, mais chaque victoire, aussi localisée soit-elle, est un pas dans cette direction.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
