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Sud-Kivu : des milliers de réfugiés congolais abandonnés au Burundi après les combats

« Nous avons tout laissé derrière nous, et ici, c’est comme si nous n’existions plus. » Cette déclaration déchirante pourrait être celle de n’importe lequel des milliers de Congolais qui ont fui les violents affrontements entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et le groupe rebelle M23 dans le territoire d’Uvira, au Sud-Kivu. Aujourd’hui, réfugiés de l’autre côté de la frontière, au Burundi, ils font face à un abandon qui crie au scandale. Leur propre gouvernement semble les avoir oubliés, plongés dans une crise humanitaire silencieuse et pourtant criante de détresse.

Le Collectif des organisations de la société civile du Sud-Kivu pour la paix a brisé ce silence lourd de non-dits. Hypocrate Marume, l’un de ses membres, a pointé du doigt, lundi, l’indifférence des autorités congolaises. Des milliers de vies, déracinées par la peur et les combats, survivent dans des conditions inhumaines dans des centres de transit de fortune. L’accès aux besoins les plus élémentaires – une assiette de nourriture, un verre d’eau potable, une consultation médicale – relève du parcours du combattant. Comment en est-on arrivé là ? Comment une population fuyant la guerre peut-elle se retrouver livrée à elle-même, sans le moindre filet de sécurité de l’État qu’elle est censée représenter ?

La situation dans le Sud-Kivu demeure volatile. Les combats entre les FARDC et le M23 dans plusieurs agglomérations d’Uvira ont provoqué un nouvel exode massif, venant alourdir le bilan d’une région déjà meurtrie par des décennies de conflits. Cette crise humanitaire au Sud-Kivu illustre l’incapacité chronique à protéger les civils, premières victimes de ces luttes armées. Les réfugiés congolais au Burundi ne sont pas seulement des statistiques ; ce sont des familles entières, des enfants, des personnes âgées, dont la vie est suspendue dans l’attente d’un geste, d’une attention, d’une solution.

La société civile du Sud-Kivu, par la voix d’Hypocrate Marume, ne se contente pas de constater l’échec. Elle lance un appel pressant, un plaidoyer pour l’action. Elle exige l’envoi immédiat d’une équipe gouvernementale sur le terrain, au Burundi. L’objectif ? Constater de visu l’ampleur de la détresse, évaluer les besoins urgents et, surtout, organiser une assistance gouvernementale de la RDC digne de ce nom. Cet appel est un test de crédibilité pour Kinshasa. Jusqu’où s’étend la responsabilité de l’État envers ses citoyens, même au-delà de ses frontières ?

Le silence des autorités face à cette détresse interroge profondément le contrat social. Il nourrit un sentiment d’abandon et d’amertume chez des populations qui, en temps de paix comme en temps de guerre, attendent la protection des institutions. L’absence de réponse coordonnée aux besoins des réfugiés risque de saper davantage la confiance déjà fragile des Congolais envers leur gouvernement. Parallèlement, cette situation place le Burundi, pays d’accueil, dans une position difficile, devant assumer seul un afflux de personnes vulnérables sans les moyens suffisants.

La crise que traversent ces réfugiés congolais au Burundi est un miroir grossissant des failles de la gestion des crises dans l’Est de la RDC. Elle pose des questions fondamentales sur la préparation aux urgences humanitaires, la coordination entre l’État central et les provinces, et la place des citoyens dans les priorités nationales. Les violents combats entre les FARDC et le M23 à Uvira ne doivent pas être une excuse pour l’inaction, mais plutôt un déclencheur pour une solidarité nationale effective.

L’enjeu dépasse la simple assistance matérielle. Il s’agit de réaffirmer la dignité de chaque Congolais, où qu’il se trouve. La société civile du Sud-Kivu pour la paix montre la voie en refusant le silence et en portant la voix des sans-voix. Son plaidoyer est un rappel à l’ordre : un État digne de ce nom ne laisse pas ses enfants derrière lui. La réponse – ou son absence – à cette crise humanitaire au Sud-Kivu écrira un chapitre déterminant sur la capacité de la RDC à prendre soin des siens, dans l’adversité la plus absolue. L’heure n’est plus aux déclarations d’intention, mais à l’action concrète et compassionnelle. Le temps presse pour des milliers de vies en sursis.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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