Les rues de Beni, vibrantes des couleurs et des sons des fêtes de fin d’année, dissimulent un drame silencieux. À chaque coin, de jeunes enfants, le dos courbé sous le poids de marchandises ou les mains tendues avec des produits à vendre, racontent une histoire de survie et d’exploitation. « Je dois vendre ces sacs d’eau toute la journée, sinon mon père sera en colère », murmure un garçon d’une dizaine d’années, les yeux fuyants. Cette image, trop commune, illustre l’aggravation de l’exploitation économique des enfants dans le Nord-Kivu, une réalité dénoncée avec force par le parlement d’enfants de la RDC.
Vendredi 19 décembre, le parlement d’enfants a lancé un cri d’alarme poignant : la période des fêtes, synonyme de joie pour beaucoup, devient un calvaire pour des centaines de mineurs à Beni. Contraints de travailler dans les rues pour vendre ou transporter des marchandises, ces enfants voient leurs droits fondamentaux bafoués – le droit à l’éducation, au repos, à une enfance protégée. Joel Kamala Kavyua, porte-parole du parlement d’enfants, expose une vérité crue : « Certains parents, poussés par la précarité, instrumentalisent leurs propres enfants pour un gain économique immédiat, que ce soit de l’argent ou de la nourriture. Pourtant, leur rôle premier est de les éduquer et de les sensibiliser aux dangers de l’exploitation et des abus sexuels. » Cette déclaration met en lumière une contradiction tragique au sein des familles, où la protection cède le pas à la nécessité de survivre.
Mais comment en sommes-nous arrivés là ? La pauvreté endémique, l’insécurité persistante et le manque d’opportunités économiques plongent les ménages dans une vulnérabilité extrême. Dans ce contexte, le travail des enfants au Nord-Kivu apparaît comme une solution de court terme, mais ses conséquences sont durables. Privés d’école et exposés à tous les dangers de la rue, ces mineurs voient leur avenir compromis. Le parlement enfants RDC souligne que ces pratiques constituent de graves violations droits enfants, entravant le développement social de toute une région. Jusqu’où irons-nous dans l’exploitation de notre jeunesse ? La question mérite d’être posée, tant les implications sont profondes.
Face à cette crise, la sensibilisation exploitation enfants devient un impératif urgent. Joel Kamala Kavyua insiste : « Il est crucial d’alerter les enfants et les jeunes sur les impacts destructeurs de l’exploitation et des abus sexuels pour nos sociétés. Ces sensibilisations doivent encourager la dénonciation pour protéger nos communautés. » Cependant, la lutte ne doit pas reposer uniquement sur les Nations unies ou les ONG. Les parents, premiers éducateurs, ont un rôle central à jouer dans la prévention, dès le foyer. Comme le rappelle une récente émission médiatique, le travail des enfants en RDC reste une réalité persistante, exigeant une réponse collective et coordonnée.
L’exploitation enfants Beni n’est pas un phénomène isolé ; c’est le reflet de fractures sociales plus larges en République Démocratique du Congo. Elle interroge nos priorités en tant que société : valorisons-nous assez l’enfance pour la protéger coûte que coûte ? Les enjeux sont colossaux : sans action décisive, c’est une génération entière qui risque d’être sacrifiée, avec des répercussions sur la stabilité et le progrès du pays. Les autorités locales, la société civile et chaque citoyen doivent s’engager pour renforcer les mécanismes de protection et offrir des alternatives économiques aux familles. Le temps n’est plus aux alertes passives, mais à l’action concrète. La sonnette d’alarme est tirée ; à nous d’y répondre avec détermination et humanité.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
