Alors que les forêts du Bassin du Congo, deuxième poumon vert de la planète, respirent de plus en plus difficilement sous la pression humaine, une lueur d’espoir émerge des couloirs diplomatiques. En marge de la cruciale ANUE-7 à Nairobi, la République Démocratique du Congo a mené une offensive diplomatique d’envergure pour placer sa transition écologique au cœur des agendas internationaux. La ministre déléguée chargée de la Nouvelle Économie du Climat RDC, Bahati Tito Lukwebo, a été l’architecte de cette mobilisation, rappelant au monde que la sauvegarde de l’environnement global passe irrémédiablement par le financement de la résilience africaine.
Les défis sont titanesques. Comment transformer l’immense potentiel naturel de la RDC, souvent synonyme de convoitises et de pressions, en levier d’une prospérité durable et partagée ? La réponse esquissée à Nairobi s’articule autour d’un mot d’ordre : le financement climatique RDC. Lors du 3e Dialogue sur le leadership, la délégation congolaise a martelé un message clair : la dégradation environnementale n’est pas qu’une crise écologique, c’est une bombe à retardement pour la stabilité financière mondiale. Protéger les écosystèmes congolais n’est donc plus une option charitable, mais un impératif économique stratégique.
Cette rhétorique s’est concrétisée par une série de rendez-vous bilatéraux ciblés. Les discussions avec la Finlande, via l’organisation SITRA, ont posé les bases d’un programme structuré d’économie circulaire. L’objectif ? Apporter des solutions durables au casse-tête de la gestion des déchets à Kinshasa et dans les grandes villes. Imaginez des montagnes d’ordures transformées en ressources, créatrices d’emplois verts : c’est la promesse d’une économie qui ne prend plus à la nature, mais qui lui rend.
Mais le projet qui cristallise toutes les ambitions et capte l’attention des partenaires comme le Royaume-Uni est le pharaonique Couloir vert Kivu-Kinshasa. Plus qu’un simple corridor écologique, il s’agit d’une colonne vertébrale destinée à relier les richesses naturelles de l’Est à la capitale, en créant une chaîne de valeur verte. Reboisement, agroforesterie, énergies renouvelables, transports décarbonés… Ce projet vise à tisser une bande de résilience au cœur du pays, un rempart contre la déforestation et un laboratoire de la Nouvelle Économie du Climat.
La transition, pour être juste, ne peut laisser personne de côté. C’est le sens de la participation de Bahati Tito Lukwebo à l’événement d’ONU Femmes sur les minerais critiques. Dans un secteur minier trop souvent marqué par l’exploitation, la ministre a porté la voix d’un avenir différent : un avenir où les femmes sont aux avant-postes d’une extraction responsable, équitable et respectueuse des communautés. Car une transition écologique qui reproduit les inégalités sociales est-elle vraiment une transition ?
À travers sa participation active à la cérémonie d’ouverture présidée par le président kényan William Ruto et aux forums parallèles, comme celui de la Chine sur la gouvernance environnementale, la RDC a envoyé un signal fort. Elle ne se présente plus uniquement comme une victime du changement climatique ou un réservoir de ressources, mais comme un acteur stratégique et souverain, porteur de solutions. La bataille pour le financement climatique est engagée, et Kinshasa entend bien y jouer un rôle central.
Le chemin reste semé d’embûches. Les promesses de financement international tardent souvent à se matérialiser sur le terrain. La réussite de cette nouvelle économie verte dépendra de la capacité à traduire les engagements de Nairobi en projets concrets, créateurs d’emplois et protecteurs de la biodiversité. La Nouvelle Économie du Climat RDC n’est pas un slogan, c’est une course contre la montre pour réconcilier développement humain et équilibre écologique. L’offensive diplomatique de Nairobi n’est qu’un premier pas, mais un pas décisif dans la longue marche de la RDC vers sa propre résilience.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd
