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Crise humanitaire en RDC : le Burundi ordonne le regroupement des réfugiés congolais

La chute de la ville d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu, sous la pression des combats menés par la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda, a provoqué une onde de choc humanitaire dont les vagues déferlent désormais sur les pays voisins. Le Burundi, en première ligne de cette crise, se trouve confronté à un afflux massif et soudain de civils congolais fuyant les violences. Face à cette situation, les autorités burundaises ont pris une mesure drastique : l’ordre formel pour tous les réfugiés récemment arrivés de regagner des centres de transit, avant un transfert vers des camps éloignés de la frontière.

Un communiqué officiel du ministère burundais de l’Intérieur, de la Sécurité publique et du Développement communautaire, daté du 17 décembre 2025 et signé par le ministre Léonidas Ndaruzaniye, a été rendu public. Il exige le retour immédiat des réfugiés congolais vivant dans des ménages privés ou ayant loué des habitations à Bujumbura et dans d’autres provinces. Ces personnes doivent se présenter en urgence dans les centres de transit de Gatumba, Vugizo, Kansega, Cishemere, Magara ou Makombe. Le gouvernement justifie cette injonction par la nécessité de se conformer au cadre juridique international protégeant les réfugiés, qui recommande un accueil structuré loin des zones frontalières.

La directive est ferme. Elle enjoint à toute l’administration territoriale, des provinces jusqu’aux chefs de collines et de quartiers, de collaborer avec la police pour identifier les réfugiés et les conduire vers ces centres. Le texte prévient sévèrement contre toute nonchalance dans son application. Cette décision, présentée comme une procédure standard, intervient dans un contexte de pression extrême sur les capacités d’accueil du Burundi. Elle soulève des questions sur les conditions de vie dans ces centres de transit et sur le processus de transfert vers des camps permanents, souvent synonymes d’isolement et de dépendance à l’aide humanitaire.

Cet afflux n’est pas le fruit du hasard. Il est la conséquence directe de l’intensification brutale des combats dans le Sud-Kivu depuis le début du mois de décembre. Les affrontements entre les forces gouvernementales et la rébellion M23 ont provoqué un déplacement interne de plus de 500 000 personnes. Parmi elles, plus de 100 000 enfants sont pris au piège de cette spirale de violence. La chute d’Uvira, un événement stratégique majeur, a ouvert les vannes, poussant des milliers de familles à traverser la frontière dans un état de détresse absolue, sans autre alternative que la fuite pour sauver leur vie.

L’UNICEF, l’agence des Nations Unies pour l’enfance, a exprimé une profonde inquiétude. Dans un communiqué publié à Bujumbura le 13 décembre, l’organisation alerte sur les risques aigus encourus par les enfants. Entre le 6 et le 11 décembre seulement, plus de 50 000 nouveaux arrivants ont été identifiés au Burundi, dont près de la moitié sont des mineurs. Des centaines de civils ont été tués depuis le 2 décembre, et des violations graves des droits de l’enfant sont signalées, incluant la mort d’élèves, des blessures et des attaques contre au moins sept écoles. La situation sécuritaire dans l’Est de la RDC continue de se dégrader, laissant présager une aggravation de la crise humanitaire.

Quels sont les dangers qui guettent ces enfants en exil ? L’UNICEF dresse une liste glaçante : séparation familiale, exposition à la violence, exploitation, violences basées sur le genre et détresse psychosociale sévère. De nombreux arrivants présentent des blessures liées au conflit, et des cas d’enfants non accompagnés ou séparés de leurs familles sont déjà recensés. Les femmes et les filles sont particulièrement exposées. L’agence onusienne souligne qu’elle travaille avec les autorités congolaises, burundaises et ses partenaires pour mobiliser une réponse humanitaire urgente et centrée sur l’enfant. Mais la tâche est immense, et les besoins dépassent largement les ressources actuellement disponibles.

Cette crise met en lumière la tension permanente entre la souveraineté des États et leurs obligations internationales en matière de protection des réfugiés. La décision burundaise de regrouper les personnes fuyant les combats dans le Sud-Kivu vise à reprendre le contrôle d’une situation d’afflux massif. Elle s’inscrit dans une logique administrative et sécuritaire. Cependant, elle intervient alors que ces réfugiés congolais au Burundi sont encore sous le choc de leur exode, vulnérables et en quête de stabilité. Le respect des procédures peut-il se faire au détriment de l’impératif humanitaire immédiat ?

La communauté internationale observe cette détérioration rapide de la situation dans la région des Grands Lacs. Les combats, les déplacements massifs et maintenant la gestion des flux de réfugiés créent une tempête parfaite aux conséquences imprévisibles. La réponse coordonnée des agences onusiennes, dont l’UNICEF, sera cruciale pour atténuer les souffrances. Mais sans une désescalade durable du conflit M23 à Uvira et dans tout le Sud-Kivu, les centres de transit burundais ne seront qu’une étape précaire dans un long calvaire pour des centaines de milliers de civils. La crise humanitaire en RDC exige plus que des mesures d’urgence ; elle exige une solution politique.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd

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