Dans l’effervescence créative de Kinshasa, une lueur d’espoir se prépare à illuminer la scène culturelle congolaise. La sixième édition de la Soirée des Arts – Prix Lokumu, orchestrée par le média Arts.cd, se tiendra le 20 décembre 2025 au Centre culturel et artistique pour les pays d’Afrique centrale. Placée sous le thème évocateur « Arts et culture pour la paix et l’héritage », cette manifestation ambitieuse se pose en gardienne de la mémoire et en architecte de l’avenir. Dans un pays meurtri par près de trois décennies de conflits, cet événement culturel Kinshasa fait le pari audacieux de la beauté comme antidote à la violence, transformant la scène en un sanctuaire où se réécrit le récit national.
Le choix du thème n’est pas anodin. Alors que l’Est de la République démocratique du Congo reste en proie à des guerres larvées, les organisateurs du Prix Lokumu placent l’art au cœur du processus de résilience. La culture, dans sa diversité foisonnante – musique, danse, arts plastiques, littérature, cinéma –, est ici convoquée non comme un simple divertissement, mais comme un acte de résistance et de reconstruction. Elle devient le socle sur lequel rebâtir une identité collective érodée par les crises. « L’héritage culturel est le socle de notre identité collective. La paix est indispensable pour le préserver, le célébrer et le transmettre aux générations actuelles et futures », souligne Onassis Mutombo, coordonnateur de l’événement. Cette déclaration résonne comme un manifeste : protéger les patrimoines, qu’ils soient matériels ou immatériels, des ravages de l’oubli et des conflits, est un impératif pour toute nation qui aspire à la sérénité.
Au-delà de la célébration, cette édition 2025 se veut profondément engagée. Elle lance un appel aux artistes congolais pour qu’ils inscrivent leur créativité dans une démarche de réparation. Il s’agit de donner une voix aux sans-voix, en particulier aux femmes et aux enfants, premières victimes des violences qui déchirent le pays. L’art devient alors un espace de dialogue, un outil de réparation symbolique capable de nommer l’innommable et de panser, par la métaphore et l’émotion, les plaies encore vives. Comment la création peut-elle contribuer à une culture pour la paix ? En ouvrant des brèches dans les murs de la méfiance, en tissant des récits communs, en honorant la mémoire des disparus et en redonnant une dignité aux survivants. Le Prix Lokumu se transforme ainsi en une plateforme où l’esthétique rencontre l’éthique, où chaque œuvre est un acte politique au sens le plus noble du terme.
En prélude à cette grand-messe artistique, Arts.cd a déjà enclenché la réflexion en organisant un atelier de formation sur la critique d’art à l’ère de l’intelligence artificielle, à l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa. Trente journalistes y ont affûté leurs plumes et leur regard critique, se préparant à documenter et à analyser la production culturelle à l’aune des nouveaux outils numériques. Cette initiative démontre la volonté des organisateurs d’ancrer le Prix Lokumu dans son temps, de faire dialoguer l’art, le journalisme et la technologie pour mieux capter les nuances d’une scène artistique en perpétuelle mutation. Dans un monde saturé d’images, former des esprits capables de décrypter, de contextualiser et de valoriser la création locale est un enjeu capital pour la préservation de l’héritage culturel.
Né en 2019 de l’énergie visionnaire d’Arts.cd, le Prix Lokumu s’est imposé, au fil des éditions, comme l’une des distinctions culturelles les plus prestigieuses du pays. Bien plus qu’une cérémonie de remise de prix, il est devenu un espace de débat, de structuration du secteur et de réflexion sur les politiques culturelles. Il interroge sans relâche le rôle social de l’artiste et la place de la culture dans le développement d’une nation. Cette sixième édition, portée par le thème de la paix et de l’héritage, marque sans doute un tournant. Elle pose une question essentielle : et si la guérison d’un pays passait par la célébration de son âme créative ? Le 20 décembre prochain, le Centre culturel de Kinshasa deviendra le théâtre d’une réponse en actes, en couleurs et en sons, où la beauté sera brandie comme un étendard pour la paix.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd
