La région de l’Ituri est à nouveau secouée par des violences armées. Dheda Kondo, chef coutumier de la chefferie de Bajere dans le territoire de Djugu, a lancé un appel pressant à ses administrés. Cet appel, formulé mercredi 17 décembre à Djaiba, intervient une semaine après de violents affrontements ayant opposé les rebelles de la Convention pour la révolution populaire (CRP) aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans la localité de Bule. L’autorité traditionnelle exhorte la population à se désolidariser clairement des jeunes de l’entité qui ont pris les armes contre l’État.
Les combats, d’une intensité significative, ont plongé la zone dans un climat de peur et d’insécurité. Des sources locales rapportent des échanges de tirs soutenus, contraignant des milliers de civils à fuir leurs foyers. Ces déplacés de Djugu ont trouvé refuge dans des villages environnants, perçus comme plus sûrs, mais où les conditions humanitaires restent précaires. Comment une communauté peut-elle se reconstruire lorsque ses bases sont ainsi ébranlées par la force des armes ?
Le chef coutumier Bajere Djugu a tenu un discours ferme et sans équivoque. Il a condamné l’usage de la violence et le recrutement de jeunes dans des groupes armés. Son appel désarmement Ituri est un plaidoyer direct pour le retour à l’ordre et à la souveraineté de l’État. « Prendre les armes contre la République est une voie sans issue », a-t-il affirmé, selon des témoins présents. Son message vise à isoler les éléments perturbateurs et à restaurer l’autorité légitime.
Le conflit CRP FARDC Bule n’est malheureusement pas un incident isolé. Il s’inscrit dans un contexte sécuritaire plus large, marqué par la présence de plusieurs milices et groupes armés dans l’est de la RDC. La CRP, héritière de mouvements historiques dans la région, représente un défi persistant pour la stabilisation. La réponse des FARDC vise à rétablir le contrôle territorial, mais les affrontements directs ont un coût humain immédiat et considérable.
Face à cette crise, l’accent est mis sur les conséquences humanitaires. Le nombre exact de déplacés Djugu reste à préciser, mais les estimations parlent de plusieurs milliers de personnes. Ces familles, souvent séparées dans la précipitation de la fuite, manquent de tout : abri, nourriture, soins médicaux. Les organisations humanitaires présentes sur le terrain tentent de répondre aux besoins les plus urgents, mais l’accès reste complexe en raison de l’insécurité persistante.
Au-delà de l’urgence sécuritaire et humanitaire, Dheda Kondo place la réconciliation communautés Ituri au cœur de son discours. Il appelle à la culture de la paix et au dialogue entre toutes les composantes de la société. Pour lui, le développement de la chefferie de Bajere est inextricablement lié à la restauration de la cohésion sociale. La paix n’est pas seulement l’absence de guerre ; c’est un processus actif de reconstruction de la confiance et de collaboration pour l’avenir.
Le rôle des autorités coutumières comme Dheda Kondo est crucial dans ce processus. Elles disposent d’une légitimité et d’une influence profondes au sein des communautés locales. Leur parole peut atteindre des endroits où celle de l’État central peine parfois à pénétrer. Cet appel public au désarmement et à la paix est donc un signal fort, une tentative de mobiliser la société civile contre la logique de la violence. Peut-on espérer que cette voix sera entendue et suivie d’effets concrets ?
La situation à Bule et dans ses environs reste tendue. Les FARDC maintiennent une posture de vigilance, tandis que la CRP, bien que mise en difficulté lors des récents affrontements, n’a pas disparu. La population, prise en étau, vit dans l’incertitude. Le chemin vers une paix durable en Ituri est semé d’embûches, mais il passe nécessairement par des initiatives locales de dialogue et de désarmement. L’appel du chef de Bajere en est une illustration, mais sa réussite dépendra de la réponse collective et du soutien des institutions étatiques.
En définitive, les événements récents rappellent la fragilité de la sécurité dans l’est de la RDC. Ils soulignent également l’importance des leaderships locaux dans la résolution des conflits. La communauté internationale, attentive à l’évolution de la situation dans la région des Grands Lacs, observe ces développements. L’espoir réside dans la capacité des acteurs locaux et nationaux à transformer cet appel à la paix en actions tangibles pour stabiliser le territoire de Djugu et permettre le retour des déplacés dans la dignité et la sécurité.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
