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Lubumbashi : Une opération policière contre le banditisme vire à la chasse aux jeunes arbitraire

Une opération de sécurité lancée à Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga, à l’approche des fêtes de fin d’année, suscite une vive inquiétude et de sévères critiques. Présentée par les forces de l’ordre comme une campagne nécessaire pour lutter contre le banditisme urbain, cette vague d’interpellations cible principalement des jeunes, dont de nombreux mineurs, créant un climat de confusion et de peur dans plusieurs quartiers de la capitale du cuivre.

Depuis quelques jours, des équipes des services de sécurité sillonnent les rues. Leur mandat officiel est de sécuriser la période des festivités. Cependant, sur le terrain, la réalité semble bien différente du discours officiel. De nombreux témoignages font état d’arrestations arbitraires Lubumbashi, menées souvent avec une brutalité condamnable. Des adolescents envoyés faire des courses, des jeunes attablés à une buvette, ou simplement des passants au mauvais endroit au mauvais moment se retrouvent interpellés sans explication claire.

« La façon dont elle est menée constitue une violation flagrante et manifeste des droits humains », dénonce avec fermeté Joseph Kongolo wa Momat, coordonnateur de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) pour le Haut-Katanga. L’institution, saisie par de multiples plaintes, qualifie sans ambages ces pratiques d’abusives. « On arrête n’importe qui, on fait la chasse à l’homme, mais pour quelle finalité ? », interroge-t-il, pointant du doigt l’opacité totale de cette opération sécurité fêtes fin d’année. La CNDH, pourtant « première conseillère de l’État congolais en matière de droits de l’homme », affirme n’avoir été ni informée ni associée à ce déploiement policier.

Les récits des habitants corroborent ce constat d’arbitraire. Une mère de famille, sous le couvert de l’anonymat par crainte de représailles, confie son désarroi. Son fils, parti acheter de la farine pour le repas familial, a été embarqué par des agents. Pour sa libération, une somme exorbitante lui a été réclamée. « Où allons-nous trouver 300 000 ou 400 000 francs congolais ? », se lamente-t-elle. Cette pratique de rançonnement informel ajoute une dimension économique à la violence de l’arrestation, plongeant des familles déjà précaires dans un profond désarroi.

Cette situation met en lumière les tensions récurrentes entre les impératifs de sécurité publique et le respect des libertés individuelles. La police jeunes RDC est régulièrement au cœur de ce débat. Si la lutte contre l’insécurité est une demande légitime des populations, les méthodes employées sont scrutées. Comment une opération censée protéger les citoyens finit-elle par les terroriser ? La fin justifie-t-elle tous les moyens, y compris la violation des droits fondamentaux de mineurs ?

Le silence observé jusqu’à présent par la hiérarchie de la Police nationale congolaise n’apaise pas les esprits. L’absence de communication officielle laisse le champ libre aux rumeurs et à la colère grandissante. Les familles des jeunes interpellés se retrouvent sans recours, oscillant entre la peur pour leurs enfants et l’impossibilité de payer des sommes demandées pour leur libération.

L’action de la CNDH droits humains Congo est donc cruciale dans ce contexte. En condamnant publiquement ces agissements et en demandant l’arrêt immédiat de l’opération dans sa forme actuelle, l’institution joue son rôle de garde-fou démocratique. Son intervention rappelle que l’État de droit ne peut être suspendu au nom de la sécurité, et que toute action policière doit se dérouler dans un cadre légal strict, avec un contrôle pour éviter les dérives.

Cette affaire dépasse le simple fait divers sécuritaire. Elle interroge la gouvernance et la relation entre l’État et sa jeunesse. À l’heure où la confiance dans les institutions est fragile, des épisodes de ce genre ne font que creuser le fossé. Les jeunes de Lubumbashi, cibles faciles de cette rafle, risquent de développer une méfiance encore plus profonde envers les forces censées les protéger. La balle est désormais dans le camp des autorités policières et provinciales. Une clarification urgente est attendue, ainsi que des mesures concrètes pour mettre fin aux exactions et sanctionner les éventuels abus. La sécurité pour les fêtes ne doit pas se construire sur les ruines des droits fondamentaux.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net

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