Alors que les combats font rage dans le Kivu, le président Félix Tshisekedi a atterri à Luanda ce dimanche 14 décembre, dans ce qui apparaît comme une course contre la montre diplomatique. Cette visite de travail, officiellement consacrée à la visite Tshisekedi Angola pour la relance du processus de Luanda, interroge sur l’efficacité des mécanismes de paix Est RDC, à peine une semaine après la signature solennelle de l’accord RDC-Rwanda sous l’égide des États-Unis. Le Chef de l’État congolais joue-t-il son va-tout dans cette nouvelle médiation régionale, ou assiste-t-on à un simple dialogue de sourds face à l’avancée implacable des rebelles du M23 ?
La rencontre avec son homologue angolais, João Lourenço, médiateur désigné dans ce dossier épineux, s’est focalisée sur la relance de l’initiative de Luanda, un cadre diplomatique longtemps présenté comme la panacée pour la stabilisation de l’Est congolais. Pourtant, sur le terrain, les faits donnent un démenti cinglant aux signatures apposées sur les parchemins. L’accord RDC-Rwanda entériné à Washington le 4 décembre 2025, censé sonner le glas des hostilités, n’a été qu’un feu de paille. En lieu et place d’un cessez-le-feu, les violences se sont intensifiées, et la rébellion du M23, soutenue par Kigali selon Kinshasa, a étendu son emprise jusqu’à la ville stratégique d’Uvira dans le Sud-Kivu. Dans ce contexte, la visite Tshisekedi Angola peut-elle réellement inverser la tendance, ou n’est-elle qu’un baroud d’honneur face à l’inefficacité chronique des pourparlers ?
L’analyse des motifs officiels révèle une stratégie politique en tension. D’un côté, le président Tshisekedi affiche sa volonté de renforcer la médiation régionale par le biais du processus de Luanda, en confiant un rôle accru à l’Angola, puissance influente en Afrique centrale. De l’autre, les discussions bilatérales ont porté sur le renforcement de la coopération entre les deux pays, un axe moins médiatique mais tout aussi crucial pour la sécurité régionale. Le président Lourenço, en sa qualité de facilitateur, peut-il exercer une pression suffisante sur les parties prenantes, y compris le Rwanda, souvent accusé de double jeu ? La question reste entière, tant les précédents rounds diplomatiques ont achoppé sur les mêmes écueils : la méfiance réciproque et la poursuite des agendas militaires.
Sur le plan intérieur, cette démarche place Félix Tshisekedi dans une position délicate. Après avoir misé sur l’option américaine, dont l’échec est maintenant patent, le voilà contraint de revenir vers des acteurs régionaux dont l’impartialité est parfois contestée. N’assiste-t-on pas à un aveu d’impuissance, voire à une cacophonie diplomatique préjudiciable à la crédibilité de l’État ? La paix Est RDC semble s’éloigner à mesure que se multiplient les initiatives. Pendant ce temps, les populations du Kivu paient le prix fort de ces manœuvres, prises en étau entre les promesses des capitales et la réalité des combats.
Le timing de cette visite n’est pas anodin. Elle intervient dans un climat de vive tension sécuritaire, où chaque jour apporte son lot de déplacés et de victimes. La prise d’Uvira par le M23 a constitué un tournant symbolique, démontrant la capacité du groupe armé à défier ouvertement l’armée congolaise et les contingents internationaux. Dans ce tableau sombre, la relance du processus de Luanda apparaît comme une ultime tentative pour éviter un embrasement généralisé. Mais le président Tshisekedi dispose-t-il encore des leviers nécessaires pour imposer une solution durable, ou son voyage à Luanda restera-t-il une simple opération de communication, vite engloutie par le bruit des armes ?
En conclusion, les prochains jours seront décisifs pour évaluer la portée réelle de cette médiation régionale. Si des avancées concrètes émergent des discussions angolaises, elles pourraient redonner un souffle à la recherche de la paix Est RDC. Dans le cas contraire, l’échec du processus de Luanda viendrait s’ajouter à la longue liste des tentatives avortées, fragilisant un peu plus la position du gouvernement face à une opinion publique de plus en plus sceptique. Le président a donc engagé une partie d’échecs complexe, où chaque mouvement diplomatique doit être pesé à l’aune des réalités militaires. L’enjeu n’est autre que la stabilité de toute la région, et l’histoire jugera si cette visite Tshisekedi Angola aura été un tournant ou une simple parenthèse dans un conflit qui semble sans fin.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
