L’organisation humanitaire Médecins sans Frontières a mis un terme à ses activités médicales d’urgence à Baraka, dans le Sud-Kivu. Cette décision, initialement prévue pour 2026, a été anticipée en raison d’une détérioration rapide de la situation sécuritaire dans la région. La chute récente de la ville d’Uvira, située à une centaine de kilomètres, a servi de signal d’alarme, poussant l’ONG à évacuer ses équipes pour des raisons de sécurité immédiate. Cette fin prématurée des interventions médicales soulève des questions cruciales pour la santé publique locale, notamment en pleine saison des pluies.
Pourquoi une telle décision impacte-t-elle autant la population ? Entre août et décembre dernier, les équipes de MSF à Baraka ont pris en charge plus de 25 000 cas de paludisme. Nous atteignons actuellement le pic de la saison de cette maladie, et le retrait des acteurs médicaux spécialisés laisse un vide critique. « Nous redoutons de ne pas pouvoir apporter le soutien nécessaire à la population », a déclaré Ton Berg, chef de programme de MSF au Sud-Kivu. L’insécurité santé RDC, particulièrement dans cette zone, compromet directement la lutte contre le paludisme Sud-Kivu, un fléau récurrent. L’organisation avait également traité 652 patients atteints de choléra entre septembre et octobre, réussissant à contenir une épidémie qui pourrait resurgir.
La situation sécuritaire est marquée par l’intensification des combats et la progression du groupe armé M23 dans le Sud-Kivu. Cette avancée a directement influencé la décision de MSF. À Bunyakiri, des affrontements récents dans le parc national de Kahuzi entre le M23 et l’armée congolaise alliée aux Wazalendo ont déjà conduit à une évacuation partielle du personnel. Heureusement, les activités médicales dans l’hôpital général de référence de Bunyakiri et d’autres centres de santé de la zone sont pour l’instant maintenues. Mais la dynamique du conflit reste imprévisible, faisant planer une menace constante sur l’accès aux soins.
L’impact du M23 sur la santé RDC est donc tangible et multidimensionnel. Il ne s’agit pas seulement des blessés directs des combats, mais surtout de la paralysie des systèmes de santé préventifs et curatifs. Imaginez un système immunitaire déjà affaibli, soudainement privé de ses principaux défenseurs. Les centres de santé et l’hôpital général de Baraka, où MSF intervenait, doivent maintenant fonctionner sans ce soutien logistique et humain crucial en période de forte demande médicale. Cette situation crée une double peine pour les habitants : l’insécurité physique due au conflit et l’insécurité sanitaire due au désengagement des acteurs de santé.
Que faire face à cette crise ? La priorité absolue, selon les principes humanitaires, est la protection des civils et l’accès sécurisé pour les organisations médicales. La communauté internationale et les autorités congolaises doivent tout mettre en œuvre pour stabiliser la zone et permettre une reprise des activités sanitaires essentielles. En attendant, il est vital que la population locale redouble de vigilance concernant les symptômes du paludisme – forte fièvre, maux de tête, courbatures – et du choléra – diarrhées aqueuses et vomissements – et se rende sans délai dans les structures de santé encore opérationnelles. La prévention, comme l’utilisation de moustiquaires imprégnées et le respect des mesures d’hygiène, reste un bouclier individuel plus important que jamais.
Le retrait de MSF Baraka est un coup dur pour la région, mais il doit servir de catalyseur pour une prise de conscience collective. La santé ne peut pas être une variable d’ajustement dans un conflit. La résilience des communautés et la mobilisation des ressources locales seront testées dans les prochains mois. L’espoir réside dans une résolution rapide des tensions pour permettre le retour des humanitaires et, surtout, garantir à chaque habitant du Sud-Kivu le droit fondamental à des soins de qualité.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
