La nuit du dimanche 14 au lundi 15 décembre a plongé le village d’Ihula, dans le groupement Kisimba au territoire de Walikale, Nord-Kivu, dans une terreur intense. Une alerte soudaine a circulé vers 21 heures locales : des combattants wazalendo de la Coalition des Mouvements pour le Changement (CMC) s’approchaient du village. Leur objectif présumé ? Lancer une nouvelle attaque contre les positions des rebelles de l’AFC/M23 établies à Ihula. Cette simple rumeur a suffi à déclencher une panique généralisée parmi une population déjà meurtrie par des violences récentes.
Pris d’une peur viscérale, des centaines d’habitants ont abandonné leurs maisons dans la précipitation. Hommes, femmes et enfants ont cherché refuge dans la brousse environnante, préférant affronter les dangers de la nuit en plein air plutôt que de risquer d’être pris dans des affrontements armés. La psychose collective a transformé la tranquillité nocturne en une fuite éperdue. Aucun coup de feu n’a pourtant été entendu. Au petit matin, avec une prudence extrême, certains civils ont commencé à regagner leurs habitations, constatant l’absence d’incident immédiat. Mais la quiétude n’est pas revenue pour autant.
Le secrétaire administratif du groupement Kisimba, Lavie Changwi, confirme que la peur reste omniprésente à Ihula. La localité a subi deux attaques distinctes attribuées aux wazalendo au cours de la semaine écoulée, laissant des traces indélébiles dans les esprits. Selon ses informations, les combattants continueraient de circuler dans la zone, cherchant à s’emparer de ce point stratégique situé à la limite des territoires de Walikale et de Rutshuru. Cette zone frontalière est au cœur d’un conflit latent entre divers groupes armés, dont la CMC et l’AFC/M23, qui se disputent le contrôle de localités clés dans le Nord-Kivu.
La situation à Ihula illustre le cycle infernal de l’insécurité dans l’est de la République Démocratique du Congo. Les civils sont pris en tenaille entre des offensives réelles et la menace psychologique permanente d’une attaque imminente. Comment une population peut-elle vivre normalement lorsque la rumeur d’une arrivée de wazalendo suffit à vider un village entier ? Les autorités locales sont-elles en mesure d’assurer la protection des habitants face à la mobilité de ces groupes ? Ces questions brûlantes restent sans réponse tangible, alimentant un sentiment d’abandon.
La panique observée à Kisimba n’est pas un incident isolé. Elle s’inscrit dans un contexte régional plus large où les mouvements de troupes et les accrochages sporadiques entretiennent un climat de terreur. Les wazalendo Nord-Kivu, par leurs actions et leur simple présence, contribuent à cette instabilité chronique. Le conflit entre Walikale et Rutshuru, symbolisé par la lutte pour Ihula, révèle les fractures territoriales et les enjeux de pouvoir qui déchirent la région. Les habitants, épuisés, aspirent à la paix mais voient chaque nuit potentiellement transformée en cauchemar.
À ce stade, aucune confrontation directe entre la CMC et l’AFC/M23 n’a été confirmée à Ihula ce lundi. Cependant, la tension reste à son comble. Les observateurs redoutent que cette escalade par la rumeur et la peur ne finisse par dégénérer en véritables combats, avec des conséquences humanitaires désastreuses. Les déplacements de population préventifs, comme celui observé cette nuit, fragilisent encore davantage les communautés, perturbent les activités économiques et exacerbent les vulnérabilités.
En définitive, l’épisode de panique à Ihula souligne l’urgence d’une réponse sécuritaire cohérente et d’une action politique résolue pour apaiser les tensions dans le Nord-Kivu. Tant que les racines de ce conflit ne seront pas traitées, les villages comme Ihula continueront à vivre au rythme des alertes et des fuites précipitées. La crédibilité des efforts de paix en dépend. La communauté nationale et internationale ne peut se permettre d’assister, impuissante, à la répétition de tels scénarios de terreur qui volent aux Congolais leur droit fondamental à la sécurité et à la sérénité.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
