La cité de Makobola, dans le territoire de Fizi au Sud-Kivu, est tombée aux mains des rebelles de l’AFC/M23 ce dimanche 14 décembre. Des affrontements violents ont opposé les insurgés aux wazalendo, ces milices d’autodéfense alliées à l’armée congolaise. Cette avancée rebelle marque une nouvelle escalade dans la crise sécuritaire qui secoue l’est de la République Démocratique du Congo. La prise de contrôle de cette localité stratégique ouvre-t-elle la voie à une expansion régionale du conflit ?
L’attaque a été lancée en matinée depuis la ville d’Uvira, selon des sources sécuritaires. Les combattants du M23, appuyés par le Rwanda selon plusieurs témoignages, ont surpris les positions des wazalendo à Makobola. La cité, stratégiquement située à 35 kilomètres d’Uvira et à 55 kilomètres au nord de Baraka, contrôle un axe vital de la route nationale numéro 5. Après des heures de combats, les défenseurs locaux ont dû céder du terrain. Les affrontements à Fizi ont ainsi conduit à un revers significatif pour les forces pro-gouvernementales.
Les rebelles ont poursuivi leur progression jusqu’au village de Kasekezi, à trois kilomètres de Makobola, où ils ont établi une position pour la nuit. Cette avancée rapide des rebelles AFC M23 a semé la panique parmi les civils. Un habitant de Makobola, sous couvert d’anonymat, a rapporté des scènes de terreur. “Après les affrontements, ils nous ont dit de sortir de nos maisons. Ils ont demandé où l’on vendait la bière”, a-t-il confié. Certains combattants sont restés sur place, tandis que d’autres ont continué vers Kasekezi, illustrant la méthode de pression psychologique et d’occupation graduelle.
Face à cette percée, un renfort de l’armée congolaise a été dépêché nuitamment au village de Swima. Son objectif est clair : stopper net l’avancée des rebelles en direction de Mboko. Cette intervention militaire tardive souligne les difficultés des forces régulières à contenir l’offensive du M23 dans la région. Les affrontements à Fizi se multiplient, mettant à mal la stabilité déjà précaire du Sud-Kivu. La réponse sécuritaire sera-t-elle suffisante pour inverser la dynamique ?
Les conséquences humanitaires sont immédiates et désastreuses. La prise de Makobola par les rebelles aggrave une crise humanitaire déjà profonde dans le territoire de Fizi. Des mouvements de population massifs ont été observés, avec des familles entières fuyant vers le Burundi voisin en traversant le lac Tanganyika. Cette fuite éperdue rappelle les pires heures des conflits cycliques qui ravagent l’est congolais. La crise humanitaire au Sud-Kivu atteint un nouveau paroxysme, avec des besoins urgents en abris, nourriture et soins médicaux pour les déplacés.
Makobola porte les stigmates d’un passé sanglant. Cette cité est considérée comme une localité martyre, ayant subi de graves massacres lors de la guerre de 1998 qui a précipité la chute du régime Mobutu. Selon les Nations Unies, au moins 700 civils y avaient été tués à l’époque. La reprise des hostilités dans ce lieu symbolique réveille les traumatismes et suscite des craintes quant à la protection des populations. L’histoire se répéterait-elle dans l’indifférence générale ?
L’occupation de Makobola n’est pas qu’un fait d’armes isolé. Elle offre aux rebelles de l’AFC/M23 une position stratégique de premier ordre. Depuis cette cité, ils menacent désormais de progresser vers les provinces du Maniema et du Tanganyika. La route nationale numéro 5 et les voies navigables du lac Tanganyika pourraient servir de corridors pour étendre leur influence. Cette avancée rebelle en RDC représente donc un danger pour la stabilité de plusieurs régions, posant la question d’une possible contagion du conflit.
La situation sécuritaire dans le Sud-Kivu est au rouge. Les combats sporadiques, les déplacements forcés et la présence de groupes armés multiples créent un cocktail explosif. La communauté internationale reste silencieuse, tandis que les populations locales paient le prix fort. L’avancée des rebelles du M23 à Makobola sonne comme un avertissement : sans une réponse coordonnée et déterminée, toute la région pourrait basculer. Le bilan actuel est lourd, et l’avenir immédiat s’annonce sombre pour des milliers de Congolais pris au piège de cette spirale violence.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
