Ce lundi matin, une attaque d’une brutalité rare a frappé la localité de Busurungi, dans le groupement Waloa Loanda, territoire de Walikale au Nord-Kivu. Des combattants des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) ont semé la mort et la désolation, réduisant le village de Tuonane en un champ de cendres. Le bilan, encore provisoire, fait état d’au moins quatre civils tués, brûlés vifs dans leurs habitations. Comment de telles exactions peuvent-elles encore se produire en plein cœur du Nord-Kivu ?
Un réveil dans l’horreur pour les habitants de Tuonane
L’incursion, menée par le général autoproclamé FDLR Mudayongwa, a surpris les villageois dans leur sommeil. Aux premières lueurs de l’aube, les assaillants ont mis le feu aux maisons d’habitation, sans distinction. Prises au piège des flammes, quatre personnes ont péri, calcinées. Les survivants, fuyant l’enfer, se sont éparpillés dans les villages voisins de Kifuruka, Kaundju, Katambira et Busurungi centre, cherchant un refuge précaire. La terreur était palpable, marquée par le crépitement des incendies et les cris de panique.
Le conflit foncier, racine d’un massacre annoncé
Selon les autorités coutumières du groupement Waloa Loanda, cette violence extrême plonge ses racines dans un conflit foncier latent. Le général Mudayongwa revendique la propriété de vastes terres dans cette partie du territoire de Walikale, affirmant les avoir achetées à des notables locaux. Une affirmation catégoriquement rejetée par les populations concernées, qui refusent de quitter leurs terres ancestrales. Le leader FDLR avait pourtant lancé un ultimatum, exigeant l’évacuation des zones qu’il convoite pour y lancer des activités agricoles et d’élevage. L’attaque de Busurungi apparaît comme une escalade dramatique dans ce différend, transformant une revendication territoriale en un massacre.
Affrontements et escalade de la violence
La situation sur le terrain est rapidement devenue explosive. Parmi les victimes identifiées figurent deux miliciens du groupe armé Maï Maï Kifuafua, signant l’entrée en lice des wazalendo. Des sources locales à Busurungi font en effet état de violents affrontements qui ont éclaté entre les FDLR et ces miliciens autochtones à Tuonane même. Des détonations d’armes lourdes et légères résonnent désormais dans la zone, témoignant d’une confrontation armée ouverte. La tension est extrême, et le bilan du massacre de Tuonane pourrait malheureusement s’alourdir dans les prochaines heures.
Une campagne de désarmement mise à l’épreuve
Ce regain de violence intervient dans un contexte pourtant marqué par des efforts de pacification. Une campagne de sensibilisation des éléments FDLR à déposer les armes, menée par les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), est actuellement en cours. L’attaque perpétrée par la colonne du général Mudayongwa, qui provient du territoire voisin de Masisi et s’est installée à Mishipo il y a environ deux mois, constitue un défi direct à cette initiative. Elle souligne la mobilité et la résilience de ces groupes armés, capables de déplacer leurs actions d’un territoire à l’autre, semant l’insécurité.
Une région du Nord-Kivu sous haute tension
La localité de Busurungi et le groupement Waloa Loanda sont aujourd’hui plongés dans une crise humanitaire et sécuritaire aiguë. Les familles déplacées, ayant tout perdu, nécessitent une aide urgente. Les autorités coutumières appellent à une intervention rapide des forces de l’ordre pour restaurer la sécurité et empêcher de nouvelles exactions. L’épisode sanglant de Tuonane rappelle cruellement la persistance des cycles de violence dans le Nord-Kivu, où les conflits fonciers servent trop souvent de catalyseur à des atrocités. La communauté internationale peut-elle rester sourde à ces drames qui se répètent ? La stabilisation de la région passe impérativement par la résolution de ces litiges territoriaux et le démantèlement des groupes armés qui les instrumentalisent. La situation à Walikale reste tendue, sous la menace d’une escalade imprévisible.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
