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Évacuation des Burundais d’Uvira : entre espoir de retour et tensions frontalières

La situation humanitaire dans le Sud-Kivu, en République démocratique du Congo, connaît un nouvel épisode dramatique avec l’évacuation de centaines de ressortissants burundais. Après trois jours d’attente angoissante au poste frontalier, plus de 500 personnes ont finalement pu regagner le Burundi ce dimanche 14 décembre. Ces travailleurs et résidents, installés à Uvira, ont dû fuir précipitamment cette ville portuaire stratégique tombée sous le contrôle de l’Alliance des Forces Congolaises (AFC), plus connue sous le nom de mouvement M23, le 10 décembre dernier.

Leur retour, négocié entre le mouvement rebelle et les autorités burundaises, s’effectue dans un climat de lourdes tensions. Les familles étaient séparées, les biens abandonnés. Sur place, la fatigue se lisait sur les visages des évacués, marqués par l’incertitude et le traumatisme d’un départ forcé. Comment une ville aussi importante qu’Uvira a-t-elle pu basculer si rapidement, provoquant l’exode d’une partie de sa population étrangère ? Cette question hante désormais toute la région des Grands Lacs.

Les témoignages recueillis sont éloquents. « Les gardes de la maison dans laquelle je travaillais ont fui et mes employeurs m’ont abandonné. Nous ne savons pas où ils sont partis, je suis donc restée là, toute seule », confie une femme burundaise, illustrant le chaos soudain qui s’est emparé de la ville. Une autre commerçante, établie dans le quartier de Nyamyanda, décrit une communauté économique burundaise bien implantée : « Je n’étais pas la seule commerçante burundaise en ville, nous étions nombreux dans ce cas-là. Nos parents ont eu peur pour nos vies. Mais on ne peut pas dire que l’on fuit : nous rentrons chez nous, en attendant de voir s’il est possible de revenir ».

Cette dernière phrase résume toute l’ambiguïté de la situation. S’agit-il d’une simple évacuation préventive ou de l’amorce d’un exode plus large face à l’avancée de l’AFC/M23 ? Le contexte géopolitique régional apporte un éclairage crucial. Cette évacuation intervient en effet dans un climat de fortes tensions entre le mouvement rebelle, qui contrôle désormais Uvira, et le gouvernement burundais, allié officiel des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) dans la lutte contre ces mêmes groupes armés dans le Sud-Kivu.

Cette alliance place Bujumbura dans une position délicate face à l’AFC/M23, qui contrôle le côté congolais de la frontière. La situation est d’autant plus complexe que des dizaines de Congolais souhaitant regagner la RDC seraient actuellement bloqués du côté burundais. Le mouvement M23, quant à lui, rejette la responsabilité de ces blocages. Il affirme que la frontière est ouverte du côté congolais, mais que le passage serait fermé du côté burundais, une affirmation qui, si elle est vérifiée, pourrait signaler une décision politique de Bujumbura en réaction à la prise d’Uvira.

Cette fermeture présumée de la frontière côté burundais pose une question majeure : s’agit-il d’une mesure de rétorsion, d’un contrôle sécuritaire renforcé, ou le prélude à une dégradation plus profonde des relations entre les belligérants de l’Est congolais et le Burundi ? La circulation des personnes et des biens entre les deux pays, vitale pour les économies locales, est désormais suspendue à des calculs stratégiques et militaires.

L’évacuation de ces centaines de Burundais d’Uvira est donc bien plus qu’un simple mouvement de population. C’est un symbole de la fragilisation extrême des liens transfrontaliers dans la région, et un indicateur des tensions souterraines qui risquent de redessiner les alliances. La prise d’Uvira par l’AFC/M23 n’a pas seulement des conséquences militaires ; elle bouleverse profondément le tissu social et économique d’une zone déjà meurtrie, créant de nouvelles vagues de déplacés et de réfugiés potentiels dans le Sud-Kivu.

L’avenir immédiat dépendra de la capacité des différents acteurs – rebelles, gouvernements congolais et burundais, et la communauté internationale – à trouver un modus vivendi pour rouvrir les voies de communication humanitaires. En attendant, des centaines de familles restent séparées, et l’économie régionale est à l’arrêt. La crise à Uvira rappelle, s’il en était besoin, que la stabilisation de l’Est de la RDC passe aussi par la gestion apaisée de ses frontières et la protection des civils, quelle que soit leur nationalité.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net

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